"Après avoir occupé les devants de la scène lors de la crise du Covid-19, le secteurpharmaceutique a été progressivement délaissé par les investisseurs, au point de connaître une désaffection excessive ", affirme Héloïse Rabasse, analyste-gestionnaire spécialiste du secteur pharmaceutique chez Lazard Frères Gestion. Elle attribue en partie la "sous-performance significative" du secteur sur deux ans face au Stoxx Europe 600, à "un financement des biotechs devenu plus difficile qu’auparavant en raison de la hausse des taux".

La gérante invoque également "des craintes sur les prix aux États-Unis liées à l'approche de l'élection présidentielle et à l'implémentation d'une réforme des systèmes de santé dans le cadre de l'Inflation Reduction Act (IRA)".
Selon elle ces craintes "sont sans doute exagérées", puisque "la plupart des mesures de cette réforme auront un impact presque neutre pour les laboratoires pharmaceutiques". "En s'attaquant principalement aux prix des franchises en fin de vie et non à l'innovation, l'IRA ne cassera pas la forte dynamique de croissance du marché américain", précise-t-elle. "Par ailleurs, l'entrée en application des mesures a lieu de manière très progressive et laisse ainsi le temps aux laboratoires de s'adapter".

La gérante souligne que parallèlement en Europe "une redirection des flux dans le secteur" s'est opérée sur Novo Nordisk au cours des deux dernières années, grâce aux débouchés "colossaux" de ses produits anti-obésité, "au détriment des autres laboratoires européens qui travaillent pourtant sur des traitements prometteurs".

Les valorisations des " Big Pharma " européennes "se sont d'ailleurs globalement contractées depuis 10 ans" "alors même que les perspectives de croissance des bénéfices par action de ces sociétés sont plus importantes que par le passé, et que le secteur offre un profil défensif et une bonne visibilité qui devraient être des atouts dans un contexte macro-économique incertain".