Si la confiance paraît revenir sur les marchés d'actions, les rendements obligataires, dont l'envolée a été à l'origine des turbulences des derniers jours, se maintiennent en effet à des niveaux élevés.

À Paris, le CAC 40 a pris 1,20% à 5.140,06 points. Le Footsie britannique a gagné 1,19% et le Dax allemand a progressé de 1,45%.

L'indice EuroStoxx 50 s'est apprécié de 1,27%, le FTSEurofirst 300 de 1,33% et le Stoxx 600 de 1,17%.

La volatilité, qui a bondi la semaine dernière des deux côtés de l'Atlantique, a nettement baissé lundi en Europe puisque l'indice associé à celle de l'EuroStoxx 50 a perdu près de 20%.

Du côté des rendements des emprunts d'Etat, le taux des emprunts d'Etat américains à 10 ans a brièvement franchi le seuil de 2,9% avant de revenir vers 2,85%. En Europe, le Bund allemand de même échéance tourne autour de 0,756% après son pic de jeudi à 0,802%.

Les tensions sur les marchés obligataires s'expliquent par des craintes d'une accélération de l'inflation qui conduirait les grandes banques centrales à durcir davantage leurs politiques monétaires. Elles devraient persister au moins jusqu'à la publication, mercredi, du chiffre mensuel des prix à la consommation aux Etats-Unis en janvier.

LES RESSOURCES DE BASE BRILLENT

Sur le marché des changes, le dollar cède 0,2% face à un panier de devises de référence, l'aversion pour le risque continuant de favoriser le yen. L'euro s'apprécie pour sa part, autour de 1,2275 dollar.

Côté actions, la petite forme du billet vert a profité aux valeurs liées aux ressources de base, dont l'indice sectoriel a progressé de 1,86% avec la hausse de 1,2% des cours du cuivre.

ArcelorMittal (+1,92%) a enregistré ainsi l'une des plus fortes hausses d'un CAC 40 presque entièrement en territoire positif puisque seul Airbus (-1,22%) a perdu du terrain.

A la hausse également, Renault a pris 3,02% à trois jours d'une réunion au cours de laquelle les dirigeants seront appelés à adouber le dauphin potentiel de Carlos Ghosn. L'Etat est prêt à soutenir la nomination par le constructeur de Thierry Bolloré au poste de numéro deux mais demande aussi qu'un accord soit trouvé sur une feuille de route pour transformer l'alliance Renault-Nissan en un groupe plus intégré, a dit lundi à Reuters une source gouvernementale.

Egalement parmi les gagnants du jour à Paris, LVMH a gagné 2,96% dans le sillage d'un relèvement de recommandation par Société générale, qui repasse à l'achat sur la valeur.

A la baisse, l'opérateur de satellites SES Global a chuté de 11,18%, la plus forte baisse du Stoxx 600, après l'annonce inattendue du remplacement de son directeur général et de son directeur financier.

La plus forte hausse du Stoxx 600 est pour l'opérateur télécoms danois TDC, qui a bondi de 13,39% après avoir fait savoir qu'il acceptait une offre d'achat de 40,34 milliards de couronnes (5,4 milliards d'euros) d'un consortium regroupant la banque australienne Macquarie et trois fonds de pension danois.

Les cours du pétrole sont orientés à la hausse, favorisés par la petite forme du dollar.

WALL STREET POURSUIT SON REBOND

A l'heure de la clôture en Europe, Wall Street prend autour de 1%, tentant ainsi de tourner le dos à sa pire semaine depuis plus de deux ans.

L'indice Dow Jones gagne 287,37 points, soit 1,19%, à 24.478,27 points. Le Standard & Poor's 500, plus large, progresse de 0,99% à 2.645,54 points et le Nasdaq Composite prend 1,20% à 6.956,98 points.

Vendredi, le Dow Jones et le S&P 500 avaient chacun rebondi de près de 1,5% pour ramener leurs pertes sur l'ensemble de la semaine à un peu plus de 5%.

Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans, dont les oscillations font vibrer tous les marchés de la planète, sera particulièrement surveillé cette semaine avec la publication de deux mesures de l'inflation aux Etats-Unis : l'indice des prix à la consommation, mercredi, et celui des prix à la production, le lendemain.

Les actions américaines ont prospéré ces dernières années dans un environnement de taux historiquement bas mais la remontée des taux leur fait perdre de leur attrait dans un contexte de valorisations tendues.

En attendant des nouvelles de l'inflation, les marchés décortiqueront le projet de budget que doit dévoiler dans la journée Donald Trump et qui pourrait prévoir une enveloppe de 200 milliards de dollars (160 milliards d'euros) pour améliorer les infrastructures du pays.

Les promesses de Donald Trump de baisser la fiscalité sur les entreprises, inscrites depuis dans sa réforme fiscale, et de lancer de grands travaux d'infrastructures ont été parmi les principaux moteurs de la hausse des actions en 2017.

L'enthousiasme a depuis cédé la place à une correction puisque les grands indices de Wall Street sont tombés la semaine dernière plus de 10% en dessous de leurs records de fin janvier, le S&P perdant au passage 2.490 milliards de dollars en valeur boursière, selon S&P Dow Jones Indices.

(édité par Véronique Tison)

par Patrick Vignal