Une demi-heure après la cloche, les Bourses ont légèrement creusé leurs pertes après que le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a déclaré que les risques baissiers pour l'économie avaient augmenté. Les investisseurs attendent d'en savoir plus sur une réponse des Européens face à la crise de la dette pour se positionner.

"La hausse liée à la décision des banques centrales hier a permis (au marché) de panser ses plaies, avec un fort gain de l'euro et des marchés actions. La vraie question est la suivante: cela règle-t-il les véritables problèmes au sein de l'Europe ? Non, pas du tout", juge Michael Hewson, analyste chez CMC Markets à Londres. "Cela complique le retour vers la compétitivité des pays périphériques européens en raison du raffermissement de l'euro. Les dirigeants européens bénéficient toutefois d'un répit, espérons qu'ils l'utiliseront à bon escient."

Réunis à Bruxelles mercredi, les ministres des Finances de l'UE sont restés vagues sur une éventuelle augmentation des ressources du FMI permettant de venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté, et divisés sur le soutien public nécessaire pour les banques du continent en vue d'éviter une répétition du "credit crunch" de 2008.

Les inquiétudes sont également alimentées par l'indice officiel des directeurs d'achat pour le secteur manufacturier chinois, qui a affiché en novembre son plus faible rythme depuis février 2009, tombant sous la barre de 50 marquant la limite entre croissance et contraction d'une activité.

Les investisseurs suivront ce jeudi la publication des indices PMI manufacturiers définitifs en France, en Allemagne et dans la zone euro, ainsi que l'indice ISM manufacturier aux Etats-Unis.

Et le marché pourrait trouver du soutien sur le front des fusions et acquisitions: les fonds d'investissement Blackstone et Bain Capital seront à la tête d'un consortium qui planche sur une offre sur la totalité des titres de Yahoo, a-t-on appris de sources proches du dossier.

Après trois séances consécutives de hausse, la Bourse de Paris est en léger recul dans les premiers échanges, cédant 0,47% à 3.139,11 points. Le CAC 40 a gagné 11,78% au cours des quatre dernières séances, mais a perdu 2,72% en novembre et 17,09% depuis le début de l'année.

A Francfort, le Dax cède 0,74% et à Londres, le FTSE gagne 0,12%. La chaîne de magasins de bricolage Kingfisher avance de 3,05% après avoir fait état d'un bénéfice trimestriel supérieur aux attentes.

La Bourse de Tokyo a terminé en hausse de près de 2% grâce notamment aux valeurs financières, l'action coordonnée des banques centrales ayant pour but de dégripper le financement des banques.

Après s'être stabilisé en matinée en Asie au lendemain de sa forte hausse, l'euro a touché un plus bas de séance à 1,34205 du fait des propos de Mario Draghi.

Les futures sur le Bund se sont retournés à la hausse dans un marché volatil et gagnaient 46 centièmes de point à 134,28 après avoir ouvert en baisse à 133,37.

Le marché obligataire a les yeux tournés vers l'Espagne, où le Trésor doit lever entre 2,75 et 3,75 milliards d'euros lors d'une émission de dette à trois ans. Les analystes craignent que cette adjudication ne se passe comme celle de l'Italie vendredi, avec une demande honorable mais des rendements records.

Le baril de Brent se négocie au-delà de 110 dollars pour la troisième séance consécutive, dopé à la fois par le soulagement lié à l'intervention des banques centrales et par les tensions diplomatiques autour de l'Iran.

Jean Décotte pour le service français, édité par Danielle Rouquié