Les Bourses européennes qui gagnaient plus de 1% à mi-séance ont effacé une bonne partie de leurs gains à mesure que l'après-midi avançait, la fin de cette semaine de forte hausse étant également marquée par les traditionnelles prises de bénéfices.

À Paris, le CAC 40 a terminé sur un gain de 0,26% à 3.519,05 points. Il signe une hausse hebdomadaire de 3,11%.

Le Footsie britannique a avancé dans les mêmes proportions (+0,30%), tandis que le Dax allemand est resté plus franchement orienté à la hausse (+0,66%). L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 a terminé pratiquement inchangé (+0,18%).

Face à la levée de boucliers en Allemagne contre le "chèque en blanc" qu'aurait signé selon ses détracteurs le président de la BCE Mario Draghi, la chancelière Angela Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble sont montés au créneau pour défendre l'action de la BCE et insister sur le fait qu'aucune aide ne sera accordée sans que ne soient imposées en retour des conditions très strictes.

Or, le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy n'a pour l'heure donné aucun signe de vouloir "s'abaisser" à solliciter l'aide de ses partenaires européens.

Autre incertitude pour l'avenir de l'euro: la décision que prendra la Cour constitutionnelle allemande mercredi prochain sur la légalité du nouveau fonds de sauvetage permanent de l'Union européenne, le Mécanisme européen de stabilité (MES), et du pacte européen de discipline budgétaire.

Une très mauvaise statistique de l'emploi aux Etats-Unis est également venue doucher l'enthousiasme des marchés, même si elle pourrait inciter la Réserve fédérale à annoncer des mesures de soutien à l'économie à l'issue de sa réunion de politique monétaire mercredi et jeudi prochains.

"Ces mauvais chiffres de l'emploi sont probablement le dernier élément dont la Fed avait besoin avant d'annoncer un nouveau tour d'assouplissement monétaire (QE3, NDLR) la semaine prochaine", estime Joseph Trevisani, stratège marchés chez Worldwide Markets.

"Le QE3 va doper les actions, affaiblir le dollar et il ne servira pas à grand-chose pour l'économie, mais qu'est-ce que la Fed peut faire d'autre ?"

Les valeurs européennes des produits de base (+3,05%) et les bancaires (+2,03%) ont continué à flamber, signant les plus fortes hausses sectorielles. Les valeurs défensives ont en revanche pâti du goût du risque retrouvé des marchés, en particulier le secteur alimentation et boissons, qui a plongé de -2,29% dans le sillage notamment de Remy Cointreau (-3,97%) et Pernod Ricard (-3,39%).

Sur le marché obligataire, les rendements des dettes espagnole et italienne continuent de profiter de l'effet BCE.

Les rendements du papier espagnol à deux ans et dix ans sont retombés à respectivement 2,82% et 5,65%, bien loin pour ce dernier des 7% avec lesquels il flirtait avant l'été - mais certains analystes craignent déjà que cela ne rende Madrid d'autant plus réticent à demander de l'aide à ses partenaires européens, condition sine qua non pour que le plan d'achat d'obligations de la BCE entre en vigueur.

Le rendement du papier italien à dix ans est également en net recul à 5,09%, alors que les Bund qui avaient été boudés ces derniers jours remontent légèrement à 140,65.

Sur le marché des changes, l'euro continue à flamber et a franchi en séance la barre de 1,2800 dollar, avant de se replier légèrement tout en restant à son plus haut niveau depuis quatre mois face au billet vert.

Tangi Salaün pour le service français