La Maison Blanche a annoncé mercredi son intention d'interdire certains investissements américains dans des technologies sensibles en Chine et d'exiger que le gouvernement soit informé des autres investissements, tout en précisant qu'il faudrait du temps avant que ces mesures ne prennent effet.

Le président Joe Biden a signé mercredi un décret ordonnant au département du Trésor américain de réglementer certains investissements américains dans des domaines étroitement définis tels que les semi-conducteurs, l'informatique quantique et l'intelligence artificielle, ont indiqué de hauts responsables de l'administration.

Voici quelques détails clés :

LES "PAYS PRÉOCCUPANTS

Le décret expose l'intention de réglementer les investissements dans certains "pays préoccupants", une annexe séparée désignant la Chine, Hong Kong et Macao comme cibles initiales. D'autres pays pourraient être ajoutés à l'avenir, a déclaré à Reuters un haut fonctionnaire de l'administration.

Les fonctionnaires de l'administration ont insisté sur le fait que la règle proposée exigerait la notification de nombreux investissements tout en en interdisant quelques-uns. L'objectif est d'éviter les risques "les plus graves" pour la sécurité nationale en réglementant les investissements dans les entreprises et entités chinoises travaillant sur un ensemble restreint de technologies susceptibles de conférer à la Chine des avantages sur le plan militaire et en matière de renseignement.

Les règles ne seront pas rétroactives et ne s'appliqueront qu'aux investissements futurs, a déclaré un fonctionnaire de l'administration.

PROCESSUS D'ÉLABORATION DES RÈGLES

Le décret de M. Biden autorise le département du Trésor à réglementer certains investissements américains. Pour ce faire, le Trésor publiera un avis préalable de proposition de réglementation, qui donnera aux entreprises et aux investisseurs le temps de formuler des commentaires.

L'administration évaluera ensuite les commentaires des parties prenantes et procédera à la publication d'un avis officiel de proposition de réglementation, dans le but de garantir la participation du public.

Selon les experts, ce processus pourrait prendre des mois, ce qui repousserait l'entrée en vigueur des nouvelles réglementations à 2024, année d'élection présidentielle, voire plus.

Le Trésor aurait en fin de compte le pouvoir d'enquêter sur les violations potentielles et d'appliquer les pénalités prévues, ont déclaré les responsables, ajoutant que le secrétaire aurait le pouvoir d'annuler les investissements futurs.

CONSULTATION DES ALLIÉS

Ces mesures ont été soigneusement discutées avec les alliés et les partenaires, et les responsables américains, notamment la secrétaire au Trésor Janet Yellen, ont clairement fait part à Pékin de l'intention de Washington de limiter étroitement ces mesures.

Aucune action coordonnée des alliés n'était attendue mercredi, bien que la Grande-Bretagne et l'Union européenne aient déjà fait part de leur intention de prendre des mesures similaires, et que le Groupe des sept économies avancées ait convenu en juin que les restrictions sur les investissements à l'étranger devraient faire partie de la boîte à outils globale. (Reportage d'Andrea Shalal et Karen Freifeld ; reportage complémentaire de David Shepardson ; édition de Jonathan Oatis)