Le gouvernement du président Emmerson Mnangagwa et son parti, la ZANU-PF, au pouvoir depuis 43 ans, sont sous la pression des bailleurs de fonds et des donateurs étrangers, qui ont longtemps évité le Zimbabwe en raison de son bilan en matière de mauvaise gestion économique, de violation des droits de l'homme et de fraude électorale, pour qu'ils organisent des élections crédibles.

Mnangagwa, 80 ans, a succédé à Robert Mugabe, homme fort de longue date, lorsqu'il a été évincé par un coup d'État militaire en 2017. M. Mnangagwa a remporté une élection contestée en 2018 et cherche à obtenir un deuxième mandat complet.

Sa candidature à la réélection intervient dans un contexte de misère économique, avec une inflation à trois chiffres, une monnaie qui a perdu 85 % de sa valeur rien que cette année et une crise du chômage, qui rend de nombreux Zimbabwéens dépendants des envois de fonds en dollars américains de leurs proches dans la diaspora.

Le principal adversaire de Mnangagwa est le même que lors de l'élection précédente : l'avocat et pasteur Nelson Chamisa, 45 ans, de la Coalition des citoyens pour le changement, qui affirme qu'il résistera à toute tentative de la ZANU-PF de manipuler l'élection pour rester au pouvoir.

M. Mnangagwa a publié un décret mercredi en fin de journée ordonnant la reprise du scrutin jeudi dans 40 circonscriptions, après qu'un grand nombre de bureaux de vote à Harare et à Bulawayo eurent ouvert avec des heures de retard, obligeant les électeurs à attendre toute la journée ou à abandonner.

L'avis présidentiel énumère 40 circonscriptions qui, selon lui, sont touchées par les retards. Bien que ces zones représentent moins de 1 % des 12 374 circonscriptions du pays, elles comprennent 11 circonscriptions de Harare, qui compte le plus grand nombre d'électeurs inscrits.

Selon l'avis, les circonscriptions concernées se trouvent dans trois des dix provinces du Zimbabwe : Harare, bastion de l'opposition, Mashonaland Central, où le parti au pouvoir est traditionnellement dominant, et Manicaland, un champ de bataille.

Dans d'autres régions, comme la banlieue défavorisée de Mbare, à la périphérie de la capitale, le décompte des voix avait déjà commencé à la lueur des lampes mercredi soir.

On s'attendait à ce que les résultats des élections législatives arrivent au compte-gouttes jeudi, et que les résultats des élections présidentielles arrivent plus tard, mais bien avant la date limite de cinq jours. La commission électorale n'a pas précisé si ce calendrier serait affecté par la prolongation du scrutin.

Des analystes indépendants estiment que les règles du jeu électoral sont fortement biaisées en faveur de la ZANU-PF, qui utilise depuis longtemps les institutions de l'État pour manipuler le processus à son avantage. La ZANU-PF et la commission électorale ont déclaré que l'élection serait propre.