Tokyo (awp/afp) - L'hypothèse d'un emballement des ordinateurs est évoquée pour expliquer la chute soudaine de la livre britannique vendredi au début des échanges en Asie, un cas qui pose la question de la pertinence des algorithmes susceptibles de surréagir.

Le recours à des ordinateurs super-puissants et programmes informatiques complexes est devenu monnaie courante en matière de transactions financières, en particulier sur le marché des changes qui fonctionne en quasi permanence.

L'objectif pour les courtiers: prendre des positions sur les marchés 24 heures sur 24, sans avoir besoin d'être présents.

Cette méthode, dite de trading automatique, vise aussi à diminuer les coûts de main-d'oeuvre et réduire la charge émotionnelle pour des cambistes soumis à un stress intense.

Conçus pour réagir à toute information notable selon des critères pré-établis par l'investisseur, les algorithmes analysent des milliers de données en un temps record. Ils peuvent par exemple acheter des actions ou monnaies quand les cours reculent en anticipant sur leur rebond.

L'utilisation croissante de ces technologies dernier cri est cependant controversée pour les risques de perturbations des échanges qu'elle implique. D'où les soupçons pesant sur elles dans la dégringolade de la livre vendredi en Asie.

Quand les propos du président français Francois Hollande, plaidant pour la "fermeté" face à Londres dans les futures négociations sur le Brexit, ont été diffusés, il est possible que les ordinateurs se soient emballés ce qui expliquerait le décrochage brutal de la monnaie britannique face au dollar et à l'euro.

"Il est tout à fait possible que les algorithmes aient réagi" à ce que des hommes auraient considéré comme une information relativement banale, avance Yuji Saito, responsable du département des changes du Crédit Agricole à Tokyo.

"Les marchés de New York étaient sur le point de fermer, ceux de Tokyo sur le point d'ouvrir, l'activité était faible, dans ce cas on bouge généralement peu", explique-t-il.

Ultra-rapide mais pas encore aussi intelligente que l'homme, la machine a pu exécuter une série d'ordres automatiques, provoquant "une véritable tempête", selon l'expression d'un analyste.

Le quotidien britannique Financial Times, parmi les premiers à rapporter les déclarations de M. Hollande, a lui-même mentionné cette piste. "De nombreux courtiers incluent dans les paramètres le suivi des sites d'information. A la minute où l'article a été publié, le mouvement de descente de la livre a débuté", a commenté le journal.

afp/al