(Actualisé avec déclaration du commandant de la force française, changement de slug)

par Paul-Marin Ngoupana et Media Coulibaly

BANGUI, 10 février (Reuters) - Les milices chrétiennes "anti-balaka" constituent désormais la principale menace contre la paix en Centrafrique (RCA), a déclaré lundi le commandant de la force française Sangaris, le général Francisco Soriano, au lendemain du meurtre d'un parlementaire ayant appelé à leur désarmement.

Jean-Emmanuel Djarawa, élu de la communauté chrétienne pour la province de Haute-Kotto dans l'est du pays, a été tué dimanche soir de plusieurs balles par des inconnus à proximité de son domicile dans le nord de Bangui.

La veille, il avait prononcé un discours dans lequel il dénonçait les récentes violences en RCA et appelait à une mise au pas des anti-balaka et à leur enfermement dans des casernes.

Ces milices chrétiennes "anti-balaka" ("anti-machette" en langue Sango) sont nées en réaction aux exactions des rebelles de l'ex-Séléka ayant pris le pouvoir en mars 2013 avant de devoir le céder en janvier sous la pression internationale.

La présence de 1.600 militaires français de la force Sangaris et de 5.000 soldats de la Misca n'a pas permis de briser le cercle des violences à caractère confessionnel, qui ont fait plus de 2.000 morts et amené environ un million de Centrafricains, soit un quart de la population du pays, à fuir leur domicile.

Au cours d'une conférence de presse, le général Francisco Soriano a déclaré lundi que les anti-balaka étaient désormais les principaux fauteurs de troubles en Centrafrique. "Ce sont eux qui stigmatisent des communautés et aujourd'hui, ils sont devenus les principaux ennemis de la paix dans le pays", a dit le commandant de la force Sangaris.

Amy Martin, responsable du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires à Bangui, a pour sa part jugé que le meurtre de Jean-Emmanuel Djarawa allait encore accentuer la pression sur les militaires français et africains chargés de maintenir l'ordre en RCA.

"Il sera impossible pour les soldats de protéger à la fois les membres du parlement et les quartiers", a-t-elle dit.

Trois lynchages survenus en plein jour ont été signalés au cours de la semaine écoulée tandis que des milliers de musulmans tentent de trouver refuge au Tchad et au Cameroun pour échapper aux violences.

Dans la capitale, les musulmans sont désormais reclus essentiellement dans le quartier du PK12, dans le nord de Bangui, a précisé Amy Martin.

Catherine Samba-Panza, ancienne maire de Bangui nommée présidente par intérim en remplacement de Michel Djotodia, l'ancien leader de la Séléka poussé vers la sortie en janvier, a promis de mettre fin aux exactions ethniques. (Avec Emma Farge; Pierre Sérisier et Bertrand Boucey pour le service français)