William Dudley, qui a été l'un des plus fervents défenseurs de la politique de soutien massif à l'économie américaine menée depuis dix ans par la Fed, a ajouté que les réductions fiscales consenties aux entreprises et aux particuliers stimuleraient l'économie à court terme, mais qu'elles la rendraient plus vulnérable dans les années à venir.

Ces déclarations, faites lors d'un forum à Wall Street, montrent que si la Réserve fédérale américaine a peu de raisons de contrer cette stimulation fiscale, ses responsables n'hésiteront pas à critiquer son calendrier et les hypothèses économiques de ses partisans républicains.

"L'économie est sur un élan considérable, la politique monétaire est encore accommodante, les conditions financières sont favorables, et la politique fiscale devrait offrir une dynamique. Mais il y a quelques gros nuages menaçants sur le long terme", a dit William Dudley, qui quittera son poste d'ici la mi-2018.

Les baisses d'impôts, a-t-il prévenu, "auront un coût".

Le président américain a signé en décembre la loi qui ramène le taux d'imposition sur les bénéfices des sociétés de 35% à 21%, et le taux d'imposition maximal sur les revenus des particuliers de 39,6% à 37%.

Mais avec une économie robuste et un taux de chômage de 4,1%, au plus bas depuis 17 ans, l'effet escompté sur l'économie pourrait être modeste. Cette réforme de la fiscalité devrait également ajouter 1.500 milliards de dollars (près de 1.250 milliards d'euros) sur dix ans au déficit budgétaire des Etats-Unis, déjà estimé à 20.000 milliards de dollars sur la même période.

Mercredi le président de la Fed de Dallas, Robert Kaplan, a déclaré que la Fed devait surveiller le "risque de surchauffe" de l'économie américaine compte tenu des fortes baisses d'impôts qui devraient relancer l'investissement mais qui pourraient porter le niveau de la dette à des niveaux intenables à terme.

(Jonathan Spicer; Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français)