FRANCFORT, 12 avril (Reuters) - Les banques de la zone euro prévoient de restreindre nettement l'accès des entreprises au crédit au deuxième trimestre en raison de l'impact économique de la guerre en Ukraine, qui réduit fortement leur tolérance au risque, montre une enquête publiée mardi par la Banque centrale européenne (BCE).

Le conflit en Ukraine et l'accélération de l'inflation font craindre aux responsables de la politique monétaire un coup de frein des banques à l'octroi de prêts, qui pénaliserait l'investissement des entreprises et limiterait la capacité des ménages à compenser l'impact de l'envolée des prix sur leur revenu disponible.

Les critères internes d'octroi de crédit des banques ont déjà été durcis au premier trimestre en raison de la montée des risques perçus par le secteur, liée à l'inflation et aux perturbations persistantes dans les chaînes d'approvisionnement, explique la BCE.

Mais le deuxième trimestre devrait être plus difficile encore, les banques cherchant aussi à protéger leur bilan des retombées du conflit entre l'Ukraine et la Russie, ajoute-t-elle.

"Les banques s'attendent à un resserrement considérablement plus marqué des critères d'octroi de crédit pour les prêts aux entreprises, qui devrait refléter l'incertitude quant à l'impact de la guerre en Ukraine et l'anticipation d'une politique monétaire moins accommodante", explique son enquête trimestrielle sur le crédit dans la zone euro.

"De plus, les banques prévoient un resserrement modéré des critères d'octroi de crédit pour les prêts immobiliers, le crédit à la consommation et les autres prêts aux ménages", poursuit-elle.

La demande de crédit a néanmoins continué d'augmenter au premier trimestre et la BCE s'attend pour le deuxième trimestre à une augmentation de la demande de prêts aux entreprises, tandis que celle de prêts immobiliers devrait diminuer.

L'enquête de la BCE devrait nourrir les débats au sein de l'institution avant la réunion de politique monétaire du 14 avril, à l'issue de laquelle elle pourrait préciser ses intentions en matière de normalisation de sa stratégie, la lutte contre l'inflation étant désormais sa priorité. (Reportage Balazs Koranyi, version française Marc Angrand)