Les investisseurs de portefeuille ont continué à réaliser des profits sur des positions précédemment haussières sur le diesel et ont commencé à devenir baissiers alors que les approvisionnements s'adaptent à l'interruption du commerce par la mer Rouge et à des perspectives industrielles mitigées.

Les fonds spéculatifs et autres gestionnaires de fonds ont vendu l'équivalent de 26 millions de barils dans les six principaux contrats à terme et options liés au pétrole au cours des sept jours se terminant le 26 mars.

Ces ventes sont intervenues après que les gestionnaires de fonds eurent acheté 140 millions de barils la semaine précédente, ce qui représente l'une des plus fortes augmentations de la dernière décennie, selon les rapports de position déposés auprès des bourses et des autorités de régulation.

Toutefois, la quasi-totalité des ventes de ces dernières semaines ont concerné les distillats moyens (-24 millions de barils), le diesel américain (-8 millions) et le gazole européen (-17 millions).

Il n'y a eu que des ajustements mineurs ailleurs sur les marchés NYMEX et ICE WTI (-5 millions de barils), Brent (+1 million) et l'essence américaine (+3 millions).

En conséquence, la position combinée des distillats a été réduite à 49 millions de barils (43e percentile pour toutes les semaines depuis 2013), en baisse par rapport à un récent pic de 87 millions (72e percentile) le 13 février.

Chartbook : Positions pétrolières et gazières

La réduction des positions en distillats a coïncidé avec une baisse significative des prix du gazole et du diesel par rapport au pétrole brut.

La prime du gazole européen par rapport au pétrole brut Brent est tombée à environ 168 dollars la tonne le 26 mars, alors qu'elle avait culminé à 274 dollars le 9 février.

La prime du diesel américain à très faible teneur en soufre par rapport au brut américain est tombée à 28 dollars le baril, contre 48 dollars au cours de la même période.

Malgré les attaques contre des pétroliers en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, qui ont obligé à réorienter le commerce du diesel, il n'y a pas eu de resserrement perceptible de l'offre.

Le 22 mars, les stocks américains de diesel étaient inférieurs d'environ 14 millions de barils (-10 % ou -0,86 écart-type) à la moyenne saisonnière des dix dernières années.

Mais le déficit ne s'est pas aggravé de manière significative par rapport aux 11 millions de barils (-8 % ou -0,76 écart-type) au début de 2024.

Le marché s'est adapté à l'allongement des routes pour les livraisons de diesel et à l'impact des attaques de drones ukrainiens sur les raffineries russes.

Entre-temps, les perspectives d'une reprise industrielle cyclique dans les principales économies pour stimuler la consommation de diesel et les prix sont restées mitigées.

Les flux de fret mondiaux semblent se renforcer après un long mais faible ralentissement entre le milieu de 2022 et le milieu de 2023.

L'industrie manufacturière aux États-Unis et en Chine montre également des signes d'augmentation, mais les entreprises industrielles européennes ont eu du mal à sortir de la récession de manière décisive.

L'inflation persistante dans le secteur des services a contraint les banques centrales à reporter les réductions de taux d'intérêt prévues jusqu'au milieu de l'année ou plus tard.

En conséquence, le resserrement attendu des stocks de distillats a été repoussé et a incité de nombreux gestionnaires de fonds à se montrer plus prudents à court terme.

GAZ NATUREL AMÉRICAIN

Les investisseurs ont peu modifié leurs positions sur le gaz pour la troisième semaine consécutive, après que la vague d'achat de la fin février et du début mars, provoquée par l'annonce de réductions de la production et des forages, se soit évanouie.

Les fonds spéculatifs et autres gestionnaires de fonds ont réduit leur position courte nette à 431 milliards de pieds cubes (bcf) (20e percentile pour toutes les semaines depuis 2010) le 26 mars, contre 1 675 bcf (3e percentile) le 20 février.

En termes réels, les prix restent à peine supérieurs aux niveaux les plus bas enregistrés depuis plusieurs décennies à la mi-février. Les forages et les réductions de production annoncés devraient leur permettre d'atteindre un plancher et la balance des risques est orientée à la hausse à moyen terme.

Toutefois, le 22 mars, les stocks de gaz de travail étaient encore supérieurs de 656 milliards de pieds cubes (+40 % ou +1,44 écart-type) à la moyenne saisonnière des dix années précédentes, et il faudra du temps pour éroder ces stocks gonflés.

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John Kemp est analyste de marché chez Reuters. Les opinions exprimées sont les siennes. Suivez ses commentaires sur X https://twitter.com/JKempEnergy (Rédaction : Mark Potter)