La composante crédit d'une obligation convertible constitue une sécurité très forte pour les investisseurs, qui peuvent profiter de la hausse des marchés d'actions grâce à l'option attachée, expliquent les gérants, soulignant qu'en outre le coupon permet de dégager des rendements positifs.

"Avec les convertibles, l'investisseur a un pied sur le marché du crédit et un autre sur les actions, avec en plus une protection. Ce qui est intéressant, c'est de jouer l'asymétrie de marché", commente Nathalia Barazal, responsable de l'équipe Obligations convertibles chez Lombard Odier Investment Managers.

Une obligation convertible est un titre de dette classique auquel est attaché une option d'achat sur une ou plusieurs actions nouvelles de l'émetteur, permettant à son détenteur d'échanger sa créance contre une partie du capital de la société émettrice durant la période de conversion définie.

Depuis 2008, les obligations convertibles affichent une rentabilité supérieure à celle des actions et des emprunts d'Etat à 10 ans américains (Treasuries). La rentabilité de l'indice Merrill Lynch Global 300 Convertible a ainsi augmenté de 45% en trois ans, contre +40% pour l'indice MSCI World et +15% pour les Treasuries.

"UN ACTIF CYCLIQUE, MAIS LE CYCLE EST PORTEUR"

"L'intérêt des convertibles actuellement, c'est d'avoir du portage avec un taux de rendement attractif de l'ordre de 3-4%, tout en ayant une sensibilité aux marchés actions de l'ordre de 25% à 30%", note Olivier Ravey, gérant convertibles chez OFI AM.

"En 2011, les actions ont perdu entre 17% et 18%, et les convertibles 9% car leur sensibilité était plus élevée (35-40%). Cette année, si le marché actions venait à baisser de 20%, les convertibles reculeraient de seulement 6%", ajoute-t-il.

Selon les analystes, le gisement mondial des obligations convertibles représente environ 400 milliards de dollars (307 milliards d'euros), dont un peu plus de la moitié se situe aux Etats-Unis et près d'un quart en Europe. La France et l'Allemagne représentent à eux deux 70% du marché européen.

La notation moyenne des convertibles se situe autour de "BBB", l'univers étant composé à près de 60% de titres notés en catégorie investissement et pour un tiers par du haut rendement.

"C'est un actif cyclique, mais actuellement le cycle est très porteur. Les convertibles sont à des niveaux très faibles de valorisation. Dans le cycle actuel, les obligations convertibles offrent un très bon rapport rendement-risque", estime Nathalia Barazal.

"COMPTE À REBOURS"

En fin d'année dernière, les obligations convertibles ont ainsi vu leur niveau de décote tomber à celui du début de 2009, souligne Acropole AM dans une présentation.

Du côté des émissions, les analystes rappellent qu'elles ont été pratiquement gelées au semestre 2011 dans le sillage de la chute estivale des Bourses, l'indice Stoxx 600 perdant jusqu'à 23% entre le 22 juillet et le 23 septembre.

"Il y a eu de nombreuses émissions en 2009 qui vont arriver à échéance en 2014. Il n'y a pas de risque immédiat mais il faudrait que le marché reprenne. Le compte à rebours commence à partir de maintenant et l'on pourrait devoir limiter les souscriptions s'il n'y a pas de nouvelles émissions", prévient Olivier Ravey.

La nature dilutive des convertibles et la faiblesse actuelle des taux d'intérêt, mais aussi un souci de simplicité, incitent les entreprises à préférer les titres de dette classique, malgré un coupon plus faible pour les obligations convertibles grâce à l'option. Mais la situation pourrait évoluer.

"Même s'il est plus facile d'émettre de la dette classique compte tenu de la faiblesse des taux, le credit crunch change la donne. Cela crée du potentiel pour de nouvelles émissions convertibles", note Nathalia Barazal, soulignant la volonté d'indépendance des entreprises vis-à-vis des banquiers.

Thibault Amand, directeur des ventes institutionnelles chez Mirabaud Gestion Asset Management, estime d'ailleurs que les obligations convertibles devraient constituer l'une des sources de financement recherchées de la part des sociétés de taille moyenne qui connaissent plus de difficultés dans leur accès au financement bancaire que les grosses capitalisations.

Edité par Dominique Rodriguez

par Alexandre Boksenbaum-Granier