À Paris, le CAC 40 a fini la séance sur un repli de 0,33% (17,61 points) à 5.310,31 points. A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,24% et à Francfort, le Dax a reculé de 0,12%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,22%, le FTSEurofirst 300 0,23% et le Stoxx 600 0,31%.

Si le recul des indices boursiers a été relativement contenu sur l'ensemble de la semaine dernière en dépit des importantes fluctuations quotidiennes, les motifs d'inquiétude restent nombreux, à commencer par l'escalade des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, qui fait craindre un impact sensible du conflit sur l'économie mondiale.

Goldman Sachs a revu à la baisse sa prévision de croissance pour les Etats-Unis en estimant que la probabilité de voir les tensions commerciales conduire à une récession augmente et en précisant ne pas s'attendre à un accord entre les deux pays avant la présidentielle américaine de novembre 2020. De son côté, l'institut allemand Ifo souligne dans sa dernière enquête trimestrielle la dégradation des perspectives économiques mondiales.

"Plus la guerre commerciale se prolongera, plus il sera probable qu'elle pèse sur les perspectives mondiales et qu'elle handicapera l'économie mondiale, ce qui est négatif pour le moral des marchés", résume Joe Manimbo, analyste senior de Western Union Business Solutions.

A ces facteurs s'ajoutent de nouvelles sources de tension potentielles comme la crise gouvernementale en Italie, la dégradation de la situation politique à Hong Kong (tous les vols du jour à l'aéroport de la ville ont été annulés) ou encore la défaite du président argentin aux primaires de dimanche, à moins de trois mois de l'élection présidentielle.

VALEURS

En Europe comme à Wall Street, le secteur financier a été le plus affecté par le mouvement général de baisse avec la perspective d'un ralentissement de l'activité et le mouvement de baisse des rendements qui risque de plomber la rentabilité.

L'indice Stoxx européen des banques a ainsi cédé 1,82% et parmi les plus fortes baisses de l'EuroStoxx 50, on compte entre autres BBVA (-3,20%), ING (-1,75%) et Société générale (-1,89%).

Lanterne rouge du Stoxx 600, le spécialiste suisse des capteurs électroniques AMS a chuté de 11,82% après s'être dit prêt à débourser 38,50 euros par action pour racheter Osram, soit 10% de plus que ce que proposent les fonds Bain Capital et Carlyle. Le titre du spécialiste allemand de l'éclairage a logiquement bondi de 10,43% à Francfort.

A la hausse, le groupe britannique d'exploration pétrolière Tullow Oil a vu son cours s'envoler de 19,77% après avoir annoncé la découverte d'une importante source de pétrole au Guyana.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait dans le rouge et plus nettement que les places européennes: l'indice Dow Jones cédait 0,89%, le Standard & Poor's 500 0,7% et le Nasdaq Composite 0,83%.

L'indice S&P des financières reculait alors de 1,28%.

L'indice de volatilité du CBOE était quant à lui en hausse de plus de 7% à 19,34.

CHANGES

Quasi stable avant l'ouverture des marchés américains, le dollar s'est ensuite orienté à la baisse face à un panier de devises de référence, affecté à son tour par la crainte d'un impact marqué des tensions commerciales sur la croissance américaine.

L'"indice dollar" se dirige ainsi vers sa sixième baisse en huit séances.

L'euro en profite pour remonter au-dessus de 1,1210 dollar mais le principal gagnant du jour est une nouvelle fois le yen, qui s'apprécie de 0,3% contre la monnaie américaine, face à laquelle elle a inscrit un plus haut de près de 18 mois à 105,15, et monte aussi face à l'euro et à la livre sterling.

Cette dernière a par ailleurs touché un plus bas de dix ans face à l'euro (en excluant le "flash crash" de 2016) à 93,26 pence, et un plus bas de plus de deux ans et demi face au dollar à 1,2015.

TAUX

Les rendements de référence européens ont de nouveau fini en recul, de 1,4 points de base pour le Bund allemand à dix ans à -0,593%.

Les rendements à long terme américains, qui affichent six séances de baisse sur les neuf dernières, poursuivent eux aussi leur repli, à 1,6642% pour le dix ans et 2,1703% pour le 30 ans.

Les rendements italiens ont reflué, à 1,735% pour le dix ans, après leur forte hausse de la semaine dernière. L'impact de l'éclatement de la coalition entre la Ligue et le M5S est compensé en partie par le maintien de la note souveraine de Fitch et le début de mobilisation de l'opposition italienne face aux ambitions de la Ligue de Matteo Salvini.

L'écart de rendements ("spread") entre les taux à dix ans italien et allemand reste toutefois supérieur à 230 points de base, non loin du pic atteint vendredi à 239 pdb.

PÉTROLE

En baisse en début de journée face à la montée des risques économiques, qui alimente les craintes de diminution de la demande mondiale, les cours du brut sont brièvement repartis à la hausse avec l'ouverture des marchés américains, une inversion de tendance observée à plusieurs reprises ces derniers jours.

Au moment de la clôture européenne, le Brent se traitait ainsi à 58,36 dollars le baril après être tombé à 57,88 et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) s'échangeait à 54,35 dollars après un plus bas à 53,54.

OR

Toujours dopé par son statut de valeur refuge, l'or se maintient au-dessus de la barre des 1.500 dollars l'once sur le marché spot, tout près du plus haut de six ans touché la semaine dernière à 1.510 dollars.

ÉMERGENTS

Sur les marchés émergents, la journée est marquée par la chute de près de 25% du peso argentin et de 30% de la Bourse de Buenos Aires après la lourde défaite subie par le président Mauricio Macri aux primaires de dimanche en vue de la présidentielle d'octobre: le scrutin a été remporté par le candidat d'opposition Alberto Fernandez, dont la colistière est l'ancienne présidente Cristina Fernandez.

A SUIVRE MARDI:

La journée de mardi sur les marchés sera animée entre autres par les chiffres définitifs de l'inflation en juillet en Allemagne et par les statistiques mensuelles de l'emploi au Royaume-Uni.

(Avec Kate Duguid à Londres)

par Marc Angrand