Le cheikh Mohammed, aujourd'hui souverain du riche émirat d'Abou Dhabi, a dirigé pendant des années l'État du Golfe allié de l'Occident, producteur de pétrole de l'OPEP et centre d'affaires régional, avant d'être nommé samedi troisième président des EAU par un conseil fédéral suprême.

Le président français Emmanuel Macron, dont le pays entretient des liens commerciaux et militaires lucratifs avec les EAU, a déclaré au cheikh Mohammed à Abu Dhabi que les EAU pouvaient "compter sur l'amitié de la France" et a discuté du conflit ukrainien, a indiqué l'Élysée.

Le président israélien Isaac Herzog a déclaré avant de se rendre dans la capitale émiratie que l'établissement de liens entre les EAU et Israël il y a deux ans était un atout pour toute la région, construit par des "dirigeants audacieux et novateurs", dont Khalifa.

Les EAU, ainsi que Bahreïn, ont bouleversé des décennies de consensus arabe en nouant des relations avec Israël, créant un nouvel axe anti-iranien dans la région et s'attirant l'ire des Palestiniens.

Le président palestinien Mahmoud Abbas s'est rendu aux EAU pour proposer ses condoléances, tandis que le Premier ministre britannique Boris Johnson était attendu plus tard dimanche à Abu Dhabi.

L'émir du Qatar, cheikh Tamim bin Hamad al-Thani, s'est également rendu sur place et a rencontré le cheikh Mohammed, a indiqué l'Amiri Diwan qatari, lors d'une première visite de ce type depuis 2017, lorsque les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite ont imposé un boycott à Doha.

Doha et Abu Dhabi étaient depuis des années enfermés dans une rivalité amère sur le rôle de l'islam politique dans le monde musulman. Le désaccord a été partiellement résolu l'année dernière.

Le président américain Joe Biden, dont l'administration a entretenu des relations tendues avec les EAU et l'Arabie saoudite, sera représenté par la vice-présidente Kamala Harris, dont la visite est prévue lundi.

Plusieurs dirigeants arabes ont rendu hommage au défunt samedi. Le prince héritier d'Arabie saoudite, dont le père, le roi Salman, est entré à l'hôpital il y a une semaine, a envoyé une délégation.

Sheikh Mohammed, connu sous le nom de MbZ, a été une force motrice dans la politique du Moyen-Orient, défendant le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman en Occident alors qu'il montait au pouvoir et combattant l'islam politique, considéré comme une menace pour le pouvoir dynastique du Golfe, dans toute la région.

MbZ a approfondi ses liens avec la Russie et la Chine alors que les États du Golfe remettaient de plus en plus en question l'engagement régional du garant traditionnel de la sécurité que sont les États-Unis. Les tensions dans les liens américano-émiratis ont été mises en évidence par le conflit ukrainien, les États du Golfe refusant de se ranger du côté des alliés occidentaux pour isoler la Russie.

Après des années d'inimitié, Abu Dhabi s'est également rapproché de l'Iran et de la Turquie, alors que les Émirats arabes unis redoublent d'efforts pour assurer leur croissance économique dans un contexte de concurrence régionale accrue et d'une tendance mondiale à délaisser les hydrocarbures, qui constituent l'élément vital des économies du Golfe.