Les entreprises canadiennes prévoient un ralentissement de l'inflation au cours des deux prochaines années, bien que nombre d'entre elles s'attendent toujours à ce qu'il faille plus de trois ans pour revenir à l'objectif de 2 % de la banque centrale, a indiqué lundi la Banque du Canada dans une enquête portant sur le troisième trimestre.

L'indice de l'enquête sur les perspectives des entreprises est tombé à son plus bas niveau depuis le deuxième trimestre de 2020, lorsque le COVID-19 a contraint de nombreuses entreprises à fermer leurs portes. Environ un tiers des répondants s'attendent à une récession au cours de l'année à venir, soit le même niveau qu'au trimestre précédent, selon l'enquête.

Quelque 27 % des entreprises estiment qu'il faudra plus de trois ans pour ramener l'inflation à 2 %, contre 32 % au trimestre précédent, selon la banque centrale. Quelque 53 % des entreprises estiment que l'inflation restera supérieure à 3 % au cours des deux prochaines années, contre 64 % au trimestre précédent.

"Les rapports sur le ralentissement de la demande sont largement répandus", indique l'enquête. "Les signes indiquent que le comportement en matière de prix se rapproche de la normale [...]. Le ralentissement continu de la demande crée un environnement dans lequel les entreprises sont moins en mesure de répercuter les augmentations du coût des intrants."

La semaine dernière, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré que les attentes en matière d'inflation feraient partie des données analysées lorsque le conseil d'administration évaluera s'il faut laisser les hausses de taux précédentes agir sur l'économie ou procéder à de nouvelles hausses pour contrer l'inflation persistante.

La Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 5 % le 6 septembre, notant que l'économie était entrée dans une période de croissance plus faible, mais a déclaré qu'elle pourrait augmenter à nouveau si les pressions sur les prix persistaient. Sa prochaine décision de politique monétaire est prévue pour le 25 octobre.

La banque centrale a relevé ses taux d'intérêt à dix reprises depuis mars de l'année dernière, atteignant ainsi leur plus haut niveau depuis 22 ans, mais elle ne prévoit toujours pas de ralentissement de l'inflation vers son objectif de 2 % avant le milieu de l'année 2025.

La croissance s'est contractée de manière inattendue au deuxième trimestre et a stagné au cours des deux premiers mois du troisième trimestre, tandis que l'inflation de base est restée stable. Les chiffres de l'inflation de septembre seront publiés mardi.

Une enquête distincte de la Banque du Canada a montré que les attentes des consommateurs en matière d'inflation pour l'année prochaine ont légèrement diminué, bien qu'elles soient restées supérieures à 5 %. Les Canadiens perçoivent toujours l'inflation comme étant beaucoup plus élevée qu'elle ne l'est - à 6,6 % au lieu des 4,0 % enregistrés en août.

"L'écart entre les perceptions de l'inflation et l'inflation réelle est exceptionnellement important", indique l'enquête. Les consommateurs se forgent probablement leur opinion à partir de leur expérience d'achat et s'attendent à une forte croissance des prix pour les produits de première nécessité comme l'alimentation et le logement, selon l'enquête.

Les pressions salariales, un autre facteur surveillé de près par la banque centrale, s'atténuent, bien que les entreprises s'attendent toujours à des augmentations salariales supérieures à la normale au cours de l'année prochaine, selon l'enquête auprès des entreprises.

"Les entreprises ont fait état d'un relâchement généralisé de l'intensité des pénuries de main-d'œuvre par rapport au marché du travail très tendu à la même époque l'année dernière", selon l'enquête.

(Rapport de Steve Scherer, édition de David Ljunggren)

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