Les entreprises canadiennes sont plus nombreuses qu'au trimestre précédent à prévoir un ralentissement de l'inflation au cours des deux prochaines années, tandis que les perspectives d'activité sont tombées à leur niveau le plus bas depuis la pandémie, a indiqué lundi la Banque du Canada dans une enquête portant sur le troisième trimestre.

Environ un tiers des entreprises s'attendent à une récession au cours de l'année à venir, soit le même niveau qu'au trimestre précédent, selon l'enquête.

La Banque du Canada a relevé ses taux à dix reprises depuis le début de l'année 2022 pour lutter contre l'inflation, mais les a laissés à 5 % lors de sa réunion du 6 septembre et a noté que l'économie était entrée dans une période de croissance plus faible. Sa prochaine décision de politique monétaire est prévue pour le 25 octobre.

Selon une autre enquête, 55 % des consommateurs prévoient une récession au cours de l'année à venir, contre 50 % au deuxième trimestre. Quelque 27 % des entreprises estiment qu'il faudra plus de trois ans pour ramener l'inflation à l'objectif de 2 % de la banque centrale, contre 32 % auparavant.

"Les rapports sur le ralentissement de la demande sont largement répandus", indique l'enquête. "Les signes indiquent que le comportement en matière de prix se rapproche de la normale. ... Le ralentissement continu de la demande crée un environnement dans lequel les entreprises sont moins en mesure de répercuter les augmentations du coût des intrants."

L'indice de l'enquête sur les perspectives d'affaires - une mesure générale de l'opinion des entreprises sur leurs perspectives - a atteint -3,51, soit le niveau le plus bas depuis les -6,16 observés au deuxième trimestre de 2020.

"Les hausses de taux agressives de la Banque du Canada fonctionnent comme prévu, les entreprises et les consommateurs s'attendant à un ralentissement de l'activité", a déclaré Shelly Kaushik, économiste de BMO Marchés des capitaux, dans une note.

Quelque 53 % des entreprises estiment que l'inflation restera supérieure à 3 % au cours des deux prochaines années, contre 64 % au trimestre précédent.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré la semaine dernière que les autorités évalueraient s'il fallait laisser les hausses précédentes agir sur l'économie ou augmenter à nouveau les taux pour contrer l'inflation galopante.

La croissance s'est contractée de manière inattendue au deuxième trimestre et a stagné au cours des deux premiers mois du troisième trimestre, tandis que l'inflation de base s'est avérée rigide.

Le dollar canadien s'échangeait 0,2 % plus haut, à 1,3625 pour un billet vert, soit 73,39 cents américains. Les marchés monétaires estiment à 40 % la probabilité d'une hausse des taux d'intérêt le 25 octobre.

Même si les taux sont au plus haut depuis 22 ans, la banque centrale ne prévoit pas de ralentissement de l'inflation à 2 % avant le milieu de l'année 2025.

Les attentes des consommateurs en matière d'inflation pour l'année prochaine ont légèrement diminué, bien qu'elles soient restées supérieures à 5 %. Les Canadiens perçoivent toujours l'inflation comme étant beaucoup plus élevée qu'elle ne l'est - à 6,6 % au lieu des 4,0 % enregistrés en août.

"Pour la Banque du Canada, la rigidité des attentes inflationnistes des consommateurs est problématique", a déclaré Royce Mendes, responsable de la stratégie macroéconomique au sein du Mouvement Desjardins. "Étant donné que les entreprises et les ménages s'attendent à un affaiblissement de l'environnement économique, nous ne pensons pas qu'il y ait suffisamment de preuves pour suggérer que l'économie a besoin de taux d'intérêt plus élevés.

Les pressions salariales, étroitement surveillées par la banque centrale, s'atténuent, bien que les entreprises prévoient toujours des augmentations salariales supérieures à la normale au cours de l'année à venir, selon l'enquête.

Les entreprises ont signalé un relâchement généralisé de l'intensité des pénuries de main-d'œuvre, ajoute l'enquête. (Reportage de Steve Scherer et David Ljunggren ; Reportage complémentaire de Fergal Smith à Toronto ; Montage de Richard Chang)