A ceux qui se posaient encore la question hier (dont je fais partie), le constat est clair : les élections européennes ont plombé l'ambiance sur les marchés européens à cause des conséquences qu'elles ont provoqué en France. Je n'ai pas d'avis sur la tactique utilisée par Emmanuel Macron, mais je suis d'accord avec une chose qu'il a dite mercredi : les masques tombent. C'est le cas du côté des candidats dans les deux semaines qui viennent puis lors de l'entre-deux tours. C'est le cas aussi du côté des électeurs. Dans une certaine mesure, on peut dire que le terne Olaf Scholz paie aussi les pots cassés. Les deux premières économies européennes sont un peu KO. Pas étonnant que Paris et Francfort aient perdu 2% hier. Les investisseurs stressés pourront se rabattre sur Zurich, où l'on baisse moins qu'ailleurs en s'appuyant sur le trio Roche, Nestlé, Novartis, de la bonne vieille valeur défensive.

Aux Etats-Unis, les performances n'ont pas été homogènes, mais le S&P500 et le Nasdaq 100 ont encore franchi des pics. Le concept des gagnants qui raflent tout (winner takes all) est illustré à merveille par le parcours des actions sur la période récente (c'est le cas depuis longtemps, mais c'est encore plus prononcé actuellement). Hier, le marché a encore été tracté par la technologie, notamment par Nvidia et Broadcom, les deux principaux dossiers avec un tampon "validé pour l'IA" de la cote américaine. Ajoutons à cela une belle performance d'Eli Lilly, avec son tampon "validé pour le traitement de l'obésité", et vous avez les trois locomotives du marché. Tesla a bien aidé aussi, mais le titre fonctionne sur courant alternatif par rapport aux trois entreprises précitées. Pour compléter le fil rouge de la semaine, Apple est repassé d'un cheveu hier devant Microsoft pour le titre de plus grosse capitalisation du monde. Mais Nvidia est à 3% du duo, ce qui laisse penser qu'il faut préparer les papiers annonçant l'avènement du groupe de Jensen Huang.

Wall Street empile donc les records, mais sur des sauts de puce et en laissant à quai une partie des entreprises cotées. Pourtant, les dernières nouvelles étaient bonnes du côté de la trajectoire de la politique américaine : la poursuite de la décrue de l'inflation et les signaux favorables au refroidissement des prix à l'avenir ont regarni l'arsenal de la Fed, qui a pu s'engager sur une baisse de taux cette année, tout en gardant en réserve une seconde réduction potentielle. Le marché, lui, prend presque pour acquis deux assouplissements entre septembre et décembre. Il n'empêche, le S&P500 a gagné 4% en un mois, mais le S&P500 équipondéré a baissé de 1% : ce sont toujours les grosses capitalisations adulées par les investisseurs qui font la tendance.

C'est le moment de notre contenu détente du vendredi. Il y a quelques jours, un lecteur m'a demandé s'il n'y avait pas une erreur dans une dépêche sur le prix de 350 millions d'euros annoncé pour la machine de production dernier cri d'ASML. Après vérification, c'est bien le prix catalogue de la bête, qui va équiper TSMC et Intel notamment. Mais ASML n'est pas la seule entreprise cotée à vendre des produits fort cher. Voici quelques exemples glanés à droite et à gauche. Alors, quels sont les produits les plus chers d'Airbus, ASML, Ferrari, Hermès, Compagnie Financière Richemont, Caterpillar, Deere, The Italian Sea Group et Intuitive Surgical ?

  • On commence avec le bas de l'échelle. Le producteur de matériel agricole Deere vend un récolteur de canne à sucre qui vaut 1,25 M$ pièce.
  • Le groupe américain de matériel médical de pointe Intuitive Surgical commercialise son robot chirurgien Da Vinci au prix unitaire de 1,5 M$.
  • Chez le sellier Hermès, il est possible de trouver des prix très élevés sur les modèles neufs. Mais le record provient apparemment d'une vente aux enchères remontant à quelques années, lorsqu'un sac à main Birkin Bijou avait été adjugé plus de 2 M$.
  • Autre groupe de luxe, la Compagnie Financière Richemont a vu un collier de sa division Van Cleef & Arpels partir pour 2,2 M$, là encore en salle des ventes.
  • On repart dans l'industrie lourde avec Caterpillar, dont le camion minier géant emblématique, le CAT 797, coûte 5 M$ pièce.
  • Chez Ferrari, de nombreux modèles atteignent des prix à deux chiffres en millions. Mais apparemment, le bolide le plus recherché est une Ferrari 250 GTO en livrée "silver blue", qui fut adjugée 70,2 M$ aux enchères.
  • On reste dans le luxe, mais le luxe qui flotte : plusieurs fabricant de yachts vendent des navires très onéreux. The Italian Sea Group a par exemple demandé 85 M€ pour l'une de ses dernières créations personnalisées.
  • On termine avec Airbus. Les avions civils atteignent des prix très élevés, même si l'on sait que les prix catalogue ne sont jamais appliqués et que les ristournes peuvent être substantielles. L'appareil le plus onéreux de la gamme, le gros porteur A350-1000, affiche un prix catalogue de 400 M$ (ce prix est tiré de plusieurs sources, parce qu'Airbus ne fournit plus de liste de prix théoriques depuis 2018). A ce tarif là, on peut acheter 320 récolteurs de canne à sucre chez John Deere, qui nous fera probablement un prix vu la quantité.

Retour à des considérations plus sérieuses. Ce matin, une autre banque centrale fait jaser : la Banque du Japon a maintenu comme prévu le statu quo sur ses taux, mais elle a décalé à juillet l'annonce de son plan de réduction d'achats d'actifs. Le marché s'attendait à une politique un peu plus stricte. Le yen a chuté et les actions japonaises ont renforcé leurs gains dans le sillage de l'annonce. Plus près de nous, l'écart (spread) entre le coût de la dette allemande et le coût de la dette française est passé à 69 points, signe de la défiance du marché vis-à-vis de la signature française dans un contexte électoral explosif. Il n'avait jamais été aussi fort depuis 2017. Pour donner une idée, à 3,16% sur dix ans, le rendement de la dette française est remonté au niveau de celui du Portugal (3,17%). Sur l'agenda macroéconomique du jour, l'intérêt se focalisera sur la confiance des consommateurs américains, qui sera connu à 16h00 via l'enquête de l'Université du Michigan, que les économistes attendent en légère amélioration par rapport à un niveau faible en mai.

En Asie Pacifique, les parcours sont encore disparates, ce qui a été le cas tout au long de la semaine. La décision de la BOJ, ou plutôt la non-décision, permet au Nikkei 225 de gagner 0,3%, ce qui est insuffisant pour faire basculer l'indice dans le vert sur la semaine. La mauvaise semaine chinoise se confirme avec des baisses à la fois à Shanghai et à Hong Kong pour terminer la séance de vendredi. La Corée du Sud et Taiwan profitent en revanche du poids de leurs valeurs technologiques pour clôturer sur une bonne note, dans le sillage des semiconducteurs aux Etats-Unis. L'Inde gagne 0,2%, pendant que l'Australie a clôturé à -0,3%, pour une semaine globalement baissière. Les indicateurs avancés européens ont l'air tentés par un rebond, mais la tendance a l'air assez fragile.

Le CAC40 perd 0,3% à 7683 points à l'ouverture. Le SMI reprend 0,1% à 12 112 points. Le Bel20 recule de 0,1% à 3866 points.

Les temps forts économiques du jour

La seconde estimation de l'inflation en France en mai (8h45) sera accompagnée du sentiment de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan à 16h00. Tout l'agenda ici.

L'euro recule à 1,074 USD. L'once d'or se négocie à 2304 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 82,39 USD le baril et un brut léger américain WTI à 78,19 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans baisse à 4,26%. Le bitcoin s'échange à 66 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air Liquide : Landesbank Baden-Wuerttemberg maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 186,36 à 190 EUR.
  • Beiersdorf : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 150 à 155 EUR.
  • Danube Ag : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 125 à 130 EUR.
  • Enento Group Oyj : SEB Bank dégrade sa recommandation d'achat à conserver avec un objectif de cours de 19 EUR.
  • Genuit Group Plc : RBC Capital initie un suivi en performance de secteur avec un objectif de cours de 515 GBX.
  • Kemira Oyj : Stifel dégrade d'acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 22 EUR à 24 EUR.
  • Lanxess Ag : Stifel passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 28 EUR à 31 EUR.
  • Lonza Group Ag : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 635 à 666 CHF.
  • Roche Holding Ag : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 295 à 305 CHF.
  • Solvay Sa : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 33 à 29 EUR.
  • Stellantis N.v. : Mediobanca maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 24 à 22,40 EUR.
  • Swisscom Ag : Citigroup reste à neutre avec un objectif de cours réduit de 575 à 540 CHF.
  • Symrise Ag : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 120 à 125 EUR.
  • Vitesco Technologies Group Ag : BNP Paribas Exane arrête la couverture de l'action.
  • Wacker Chemie Ag : Stifel améliore sa recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours de 122 EUR.
  • Zalando Se : Stifel maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 37 à 35 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Euronext annonce que le CAC40 reste inchangé et que GTT et Spie remplacent Soitec et Pluxee dans le CACNext20. Ces deux dossiers sont reversés dans le CACLarge60. Casino et Esso entrent dans le SBF120, dont sortent Solutions 30 et X-Fab. Les changements seront effectifs le 17 juin.
  • TotalEnergies cède sa filiale au Brunei.
  • Accor et LVMH ont conclu un partenariat stratégique en vue d’accélérer le développement d’Orient Express.
  • Stellantis a au moins deux usines américaines qui ont besoin d'un redressement important, selon son PDG.
  • EPC Groupe et TotalEnergies s'associent pour un projet de centrale solaire en Occitanie.
  • BNP Paribas et BPCE s'allient dans les paiements.
  • Renault lance son programme de rachat d'actions.
  • La France propose de racheter les activités stratégiques d'Atos sur la base d'une valeur d'entreprise de 700 M€ (VE = dette incluse).
  • Ubisoft lance une nouvelle opération d'actionnariat salarié.
  • Casino en négociations en vue de la cession de sa filiale Corse Codim 2.
  • Worldline franchit sans encombres une assemblée générale piégeuse.
  • Compagnie des Alpes prend le contrôle d'Urban.
  • Ramsay Générale de Santé reprend 11 centres médicaux pluridisciplinaires Cosem.
  • Europorte (Getlink) et Kerlink lancent Track Value, la première application de logistique utilisant la connectivité spatiale IoT de Kinéis.
  • Esker signe un partenariat avec EY, cabinet d'audit & de conseil.
  • Mauna Kea Technologies annonce de nouvelles données "très favorables" à l'utilisation de Cellvizio pour le diagnostic des kystes du pancréas.
  • Diagnostic Medical Systems Imaging se rebaptise European Medical Solutions.
  • Abionyx confirme sa volonté de soumettre une demande de mise sur le marché de CER001 aux Etats-Unis dans les mois à venir, après des réunions préliminaires fructueuses.
  • Carmat lance la transformation en actions de la 1ere tranche de son emprunt auprès de la BEI.
  • L'apport de la SCI Saintange à Metavisio valorisé 4,35 M€, via l'émission de 4,447 millions d'actions.
  • Europlasma figure parmi les deux prétendants finaux d'Ascometal.
  • Les principales publications du jour : Groupe LDLC, Oeneo...

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)                                                                                                                                                                                

D'Europe

  • Bellway confirme l'offre de rachat sur son concurrent Crest Nicholson pour un montant de 8,3 milliards de dollars. Mais Crest Nicholson repousse la proposition réévaluée.
  • Tesco maintient ses prévisions de bénéfices après une hausse des ventes trimestrielles.
  • UBS céderait les activités chinoises du Crédit Suisse un fonds d'état.
  • Mercedes va investir 360 millions de dollars dans l'État indien du Maharashtra.
  • Molecular Partners veut promouvoir le MP0621 au stade clinique en 2025.
  • Les principales publications du jour : Tesco

Des Amériques

  • Adobe flambe de 15% hors séance après ses trimestriels.
  • L'accord sur les frais de 30 milliards de dollars entre Visa et Mastercard est en péril.
  • Microsoft retarde le lancement de la fonction Recall AI pour des raisons de sécurité.
  • New York Community Bancorp a acquis les actifs de Signature Bank pour une juste valeur totale de 37,8 milliards de dollars.
  • L'armée de petits investisseurs de Musk se réjouit de l'approbation d'un plan de rémunération de 56 milliards de dollars pour le patron de Tesla.
  • Tyson Foods suspend son directeur financier John Tyson après son arrestation.
  • ON Semiconductor va supprimer 1000 emplois.
  • GameStop reporte la réunion des actionnaires au 17 juin après des difficultés techniques.
  • Wells Fargo a licencié des banquiers qui avaient organisé un système pour faire croire qu'ils étaient devant leurs postes alors qu'ils tiraient au flanc.
  • Teva poursuit Corcept pour le "monopole" de la mifépristone dans le traitement d'une maladie rare.
  • Les principales publications du jour : néant…

Le reste de l'agenda mondial des publications ici.

Lectures