par Gilles Guillaume

Le recul des immatriculations le mois dernier, selon le chiffre publié mercredi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) et révisé d'une estimation initiale de -11,0%, a été amorti par l'effet conjugué de la prochaine disparition du "superbonus" gouvernemental, de la baisse à venir des bonus écologiques et de la bataille de promotions engagée par les marques.

Si la prime à la casse est désormais moins alléchante qu'en 2009 et qu'au début de l'année, les constructeurs font tout pour susciter un nouveau sursaut d'intérêt des automobilistes avant la fin du dispositif.

Avec des slogans comme "Les instants historique" chez Volkswagen, "Plus tard ce sera trop tard" chez Peugeot ou encore "Happy end" chez Citroën, la plupart des marques quadruplent la prime sur certains modèles, remise qui peut aller jusqu'à dix fois la prime gouvernementale et qui vient s'ajouter à d'autres rabais.

"Il faut regarder ce chiffre par rapport au mois de novembre de l'année dernière où l'on a fait presque +50%, un chiffre exceptionnel", commente Flavien Neuvy, responsable de l'observatoire Cetelem de l'automobile. "Le marché a très bien résisté (...) Les automobilistes se disent que fin décembre, c'est fini, donc il faut se dépêcher pour commander une nouvelle voiture."

La fin d'année s'annonçait jusqu'ici d'autant plus délicate que le comparatif avec le boom de la période identique de 2009, quand les automobilistes se sont rués pour profiter du montant intégral de la prime à la casse, est très défavorable.

En octobre, la baisse des immatriculations s'était au contraire accélérée pour atteindre 18,7% sur un an.

DÉJÀ DEUX MILLIONS DE VOITURES VENDUES

Les immatriculations ont atteint 193.970 unités en novembre. Sur les onze premiers mois de l'année, elles ressortent en baisse de 2,4% en données brutes, et de 2,8% en données corrigées des jours ouvrables, à un total de 2.023.410 immatriculations.

"C'est finalement un bon mois, on a déjà dépassé la barre des deux millions sur onze mois, on pourrait donc finir l'année à 2,2 millions d'immatriculations", commente un porte-parole du CCFA. "C'est une bonne surprise."

Après une année 2009 dopée par la prime (2,3 millions d'unités), le marché français parviendra donc au moins à retrouver son niveau de 2008 (2,05 millions).

La prime à la casse, initialement de 1.000 euros dans l'Hexagone pour aider le secteur à faire face à la crise du secteur, a été ramenée à 500 euros le 1er juillet. Cette aide publique sera maintenue pour les commandes passées jusqu'à la fin de l'année, puis disparaîtra. Les bonus écologiques, eux, resteront en vigueur mais après avoir connu un coup de rabot.

En Espagne, où la prime à la casse a pris fin début juillet, le contrecoup s'est encore fait sentir très nettement en novembre. Les immatriculations ont chuté de 25,5%, après -37,6% en octobre, affectées aussi par la hausse de la TVA intervenue au moment de la disparition de l'aide au changement de voiture.

Les marques françaises, qui avaient particulièrement bénéficié de la ruée fin 2009 dans les concessions, ont vu leurs immatriculations reculer de 12,5% en novembre, contre -8,7% pour les marques étrangères.

Chez PSA, les ventes ont reculé de 11,5% mais avec une grande disparité entre Peugeot (-2,3%) et Citroën (-21,2%). Pour le groupe Renault, les immatriculations ont baissé de 10,6%, avec un recul de 13,9% pour la marque au losange et un rebond de 11,8% pour la marque "low cost" Dacia.

La reprise du marché des camions s'est quant à elle encore confirmée en novembre, avec une hausse, même ralentie à 7,7%, des immatriculations d'utilitaires légers et une accélération à 39,8% de la croissance des ventes de véhicules industriels.

Avec Helen Massy Beresford, édité par Dominique Rodriguez