AMMAN, 9 novembre (Reuters) - Des combattants de l'Armée syrienne libre (ASL) ont pris le contrôle de la ville de Ras al Aïn, sur la frontière turque, dans le nord-est de la Syrie, a-t-on appris auprès d'un commandant des forces rebelles et d'opposants syriens.

Les combats ont fait dix morts.

La population de Ras al Aïn, à 600 km de Damas, est composée d'Arabes et de Kurdes. La ville se trouve dans la province d'Hasaka, riche en pétrole.

"Ce point de passage est important car il nous ouvre une nouvelle voie vers la Turquie, par laquelle nous pouvons évacuer nos blessés et nous approvisionner", a expliqué Khaled al Walid, un commandant d'une division de l'ASL dans la province voisine de Raqqa.

Dans les trois derniers mois, les rebelles syriens ont pris plusieurs postes avancés le long des 800 km de la frontière turque et progressent en direction du nord-est, où vit une grande partie de la minorité kurde de Syrie, une communauté forte d'un million de personnes sur une population totale d'environ 22 millions d'habitants.

Le Conseil kurde, coalition de partis kurdes opposés au régime de Bachar al Assad, a demandé à l'ASL de quitter la région, expliquant que les combats, de même que la peur de bombardements en représailles des forces régulières syriennes, avaient fait fuir la plupart des 50.000 habitants de Ras al Aïn.

"Tout en affirmant son appartenance à la révolution visant à mettre à bas ce régime totalitaire, le Conseil kurde estime que la province d'Hasaka doit rester une région sûre pour les milliers de réfugiés qui y ont fui en provenance d'autres régions", peut-on lire dans ce communiqué.

"Les éléments militaires doivent se retirer de sorte que leur présence ne puisse servir de prétexte pour bombarder et détruire la ville", ajoute le Conseil kurde.

Selon Mohammed Ismaïl, un haut responsable du Parti démocratique kurde, la plupart des combattants insurgés entrés dans Ras al Aïn sont des djihadistes.

"L'objectif des rebelles semble être de prendre des postes avancés qui les aideraient sur le plan logistique et faciliteraient un gouvernement alternatif à Assad opérant depuis le territoire syrien", a-t-il dit. "Ils sont à présent arrivés dans une région religieusement et ethniquement mixte et riche en pétrole. Y créer de l'instabilité n'est de l'intérêt de personne", a-t-il ajouté. (Khaled Yacoub Oweis; Henri-Pierre André pour le service français)