Londres (awp/afp) - Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont dans l'ensemble repris leur souffle cette semaine, se stabilisant après avoir réalisé une nette percée dans le sillage du vote britannique en faveur du Brexit.

La plupart des métaux de base ont connu une semaine en dents de scie qui les a finalement vu consolider leurs gains, à l'exception notable du cuivre toutefois, qui est ressorti en forte baisse sur cinq jours.

Les prix des métaux industriels ont en effet largement fluctué au gré des autres places financières, en particulier des Bourses chinoises, mais également des mouvements du dollar, alors que la semaine a été marquée par une grande volatilité sur l'ensemble des marchés en raison des incertitudes autour du vote britannique pour sortir de l'Union européenne (UE).

Pour autant, les métaux de base ont montré une impressionnante résilience dans le sillage immédiat du scrutin, ce qui, pour les analystes d'UniCredit, a pu contribuer à les faire percevoir comme des valeurs refuge alternatives.

"Tous les métaux ont débuté le mois de juillet en force", progressant nettement dans la semaine ayant suivi le référendum, ce qui "reflète en partie (le fait que) davantage d'argent provenant de fonds a été injecté sur les marchés de matières premières, (un mouvement) alimenté par les attentes de voir un assouplissement de la politique monétaire après le vote britannique pour quitter l'UE", expliquaient les experts d'UniCredit.

"L'UE consomme environ 10-15% des métaux de base mondiaux, ce qui signifie que ce marché ne pourra pas ignorer la baisse attendue de l'activité d'investissement en Europe à la suite de l'incertitude provoquée" par le référendum britannique du 23 juin, ont relevé les analystes de Danske Bank.

Ces derniers ont néanmoins noté que pour ce qui concernait la demande mondiale de métaux industriels, il était plus important de voir comment le dollar et l'économie chinoise étaient touchés.

Or les analystes de Danske Bank tablaient sur une amélioration de l'activité de construction chinoise au cours de l'année prochaine, estimant que cela devrait soutenir une reprise des prix de métaux de base, de même qu'une croissance moindre de l'offre et un dollar affaibli, même si selon eux, ce dernier devrait d'abord progresser à moyen terme.

- Le cuivre ploie sous les stocks -

Après avoir signé un plus haut en deux mois au début de la semaine, les cours du cuivre ont subi une forte correction, annulant ainsi la quasi-totalité des gains engrangés dans le sillage du vote britannique en faveur d'une sortie de l'Union européenne.

Le prix de la tonne de métal rouge est en effet monté lundi jusqu'à 4.960 dollars, un maximum depuis le 3 mai.

Mais pour les analystes de Commerzbank, la récente hausse du cuivre a surtout été portée par des achats spéculatifs d'investisseurs ayant opté pour des positions longues nettes, c'est-à-dire des positions acheteuses, ce qui la rendait précaire.

De fait, dès lundi les prix du cuivre ont clôturé en baisse, avant de s'enfoncer davantage dans le rouge au cours de la semaine, lestés notamment, selon les experts de Commerzbank, par une forte augmentation des stocks de ce métal dans les entrepôts du LME, notamment en Asie.

"Une partie du cuivre est susceptible de provenir de Chine, dans la mesure où les exportations (de cuivre depuis ce pays) ont fortement augmenté dernièrement", ont précisé les analystes de Commerzbank, qui s'attendaient à ce que les chiffres des exportations pour le mois de juin soient également élevés, signe d'une demande chinoise qui s'annonce terne pour les prochains mois d'été.

- Le nickel sous pression environnementale -

A l'image du cuivre, le nickel s'est également envolé lundi, grimpant jusqu'à 10.410 dollars la tonne, soit un plus haut en huit mois, avant de lâcher un peu de lest et de se stabiliser.

Pour les analystes de Commerzbank, le cours de ce métal, utilisé principalement dans l'industrie de l'acier inoxydable, a notamment bénéficié d'informations en provenance des Philippines où une militante écologiste et activiste opposée aux activités minières a été nommé à la tête du ministère de l'Environnement et des Ressources naturelles.

Cette nomination de Regina Lopez, déterminée à lutter contre les projets miniers à grande échelle et l'exploitation à ciel ouvert, fait donc redouter une baisse de l'offre de nickel aux Philippines, le premier producteur mondial de ce métal, alors que selon la nouvelle ministre pas même un tiers des compagnies minières se conforment actuellement aux normes internationales en matière d'exploitation responsable.

"En conséquence, toutes les mines du pays vont être soumises à une enquête, ce qui va forcément paralyser sérieusement l'activité minière" alors que dans le même temps, la Chine va probablement continuer à augmenter ses importations déjà record de nickel raffiné, ce qui devrait apporter un soutien de long terme aux prix de ce métal, jugeaient les experts de Commerzbank.

Dans le sillage d'une forte hausse des Bourses chinoises, encouragée par les espoirs de voir les banques centrales prendre des mesures pour relancer l'économie après le choc du "Brexit" (pour "British Exit"), l'aluminium est également monté lundi jusqu'à 1.672 dollars la tonne, au plus haut en deux mois, tandis que le plomb a atteint ce même jour 1.882,50 dollars la tonne, un maximum en deux mois également.

De son côté, l'étain a grimpé lundi jusqu'à 18.125 dollars la tonne, un maximum depuis mars 2015 alors que le zinc a atteint ce même jour 2.170 dollars la tonne, plus haut en un an et presque un mois.

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4.702,50 dollars vendredi à 10H45 GMT, contre 4.812 dollars le vendredi précédent à 12H10 GMT.

L'aluminium valait 1.646 dollars la tonne, contre 1.658 dollars.

Le plomb valait 1.817,50 dollars la tonne, contre 1.825 dollars.

L'étain valait 17.635 dollars la tonne, contre 17.360 dollars.

Le nickel valait 9.690 dollars la tonne, contre 9.590 dollars.

Le zinc valait 2.106 dollars la tonne, contre 2.121 dollars.

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