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(Easybourse.com) Vous venez d'obtenir l'autorisation pour commercialiser en France le fonds Raiffeisen-Emerging Asean-Aktien, ciblé sur les pays émergents du Sud-Est asiatique. Pourquoi avoir choisi d'investir dans ces pays en particulier ?
La plupart de ces pays appartiennent à l'organisation Asean, l'Association des nations d'Asie du Sud-Est créée en 1976 et réunissant actuellement 10 pays dont l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande, le Cambodge, le Vietnam, le Laos…

Cet univers est relativement concentré en termes de couverture géographique. Mais d'un point de vue démographique, ces pays représentent près de 600 millions d'habitants. Et sur le plan économique, le PIB combiné s'élève à plus de 1 064 milliards de dollars. Le commerce total de ces pays, quant à lui, est de 1 400 milliards de dollars.

Ces pays ont longtemps été mis de côté et actuellement, la part des investissements internationaux n'est pas conséquente.

C'est pourquoi les niveaux de valorisation sont très attractifs par référence aux valorisations des pays développés mais également aux valorisations de la Chine et de l'Inde. Nous avons en moyenne des PE de 14 en estimation pour l'année 2008 alors que nous sommes à 9,5 pour la Thaïlande, à 11,6 sur l'Indonésie.

Comment expliquez-vous que ces marchés ne se trouvent pas encore sur «les écrans radars des investisseurs internationaux» ?
Investir dans certains de ces pays n'est pas nouveau. La spécificité de notre fonds est que nous nous concentrons sur les pays émergents membres de l'Asean . De ce fait, nous excluons de notre univers d'investissement Singapour, dans la mesure où ce pays est davantage une économie de services et fortement développée.

Qu'entendez-vous par pays émergent ?
Parmi les indicateurs que nous prenons en considération, nous trouvons le niveau de PIB par habitant, la taille des économies, la structure d'un point de vue sectoriel de ces économies qui démontrent qu'elles sont tributaires de certains domaines d'activité comme les banques, les télécoms, les matières premières.

Quels avantages ces pays présentent pour l'investisseur ?
Pour l'investisseur, cette zone offre plusieurs avantages. Tout d'abord, un niveau de croissance important, plus de 10 % en moyenne. À terme, nous pensons que ce taux de croissance sera supérieur à ce que nous connaîtrons dans des pays d'Amérique latine ou de l'Europe émergente.

Par suite, des rapports de la banque mondiale sur des pays comme le Vietnam, nous révèlent un certain nombre d'avantages comparatifs en termes de coût du travail et de niveau de taxation, à la fois par rapport aux pays développés mais également par rapport à la Chine et à l'Inde.

Je notais dans la presse récemment les résultats d'une étude qui mettaient en avant le fait que 25% des grands groupes mondiaux qui avaient délocalisé leurs unités de production installées en Chine, contemplent l'éventualité de s'établir dans des pays d'Asie du Sud-Est.

Enfin, une dernière caractéristique favorable à ces pays, réside dans leur population dense et jeune.

Au-delà de l'écart relativement important qui est constaté, n'est-il pas intéressant de se concentrer sur le rythme de progression de ces différents paramètres?
Il est difficile aujourd'hui d'estimer à quel rythme peut s'effectuer le rattrapage, notamment par rapport au coût du travail. Cependant c'est une tendance à laquelle nous croyons. Et nous considérons cette éventuelle progression comme ayant des effets vertueux.

L'amélioration du revenu moyen des ménages par l'augmentation des salaires, permettra de faire croître la consommation intérieure. Cela aura vocation à amener de nouvelles activités à se développer, de nouveaux services à s'offrir à la population.

C'est la thématique que nous observons par exemple en Russie.

Qu'en est il de votre allocation géographique ?
Cinq pays entrent particulièrement dans l'allocation du fonds de manière significative : l'Indonésie qui a d'importantes réserves en pétrole et en gaz, un secteur agricole en fort développement ; la Malaisie qui est dotée de ressources significatives en caoutchouc, en huile de palme ; les Philippines qui apportent une valeur ajoutée sur le plan culturel en ayant une bonne partie de sa population qui parle anglais et qui est en mesure de satisfaire la demande d'un certain nombre de services ; la Thaïlande aujourd'hui premier exportateur de riz (il est prévu un doublement du prix de la tonne de riz thaïlandais dans les prochains mois) ; le Vietnam qui dispose du plus important avantage comparatif du point de vue du coût du travail et qui est appelé à poursuivre son rattrapage économique avec un taux de croissance de l'ordre de 8 %.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle des marchés financiers ? Quel peut être selon vous l'impact de la crise financière et du ralentissement prononcé de la croissance économique des Etats-Unis et de l'Europe sur ces pays ?
Le ralentissement de la conjoncture au niveau global fait partie des risques principaux pour les pays de l'Asean. Une forte révision à la baisse de la croissance économique mondiale aurait assurément un impact négatif sur le potentiel de croissance de la région.

Pour notre équipe de gestion basée à Vienne, il y a deux scénarios possibles. Si nous demeurons dans un ralentissement économique modéré, il sera possible d'éviter une correction sur les marchés financiers des pays émergents et en particulier des pays d'Asie du Sud-Est.

En revanche, si nous assistons dans les prochains mois à une dégradation plus prononcée de l'activité économique globale, les marchés émergents ne pourront pas se soustraire à la correction qui se manifestera sur les marchés financiers. Ainsi, tout dépend de l'ampleur du ralentissement économique mondial.

Par la suite, si nous raisonnons sur un plan historique, et que nous comparons la situation à la dernière crise asiatique de 97/98, les économies sont beaucoup plus saines, il n'y a pas d'endettement au niveau des budgets étatiques, en particulier grâce aux revenus générés par les matières premières ;  les entreprises présentent une bonne santé financière.

De ce fait, le niveau de dépendance de ces économies au reste du monde est moindre et l'impact que pourrait avoir un ralentissement économique global sera plus faible.

On constate des corrections importantes sur les marchés émergents en particulier depuis le début de l'année ; au point que pour certains responsables gestion, il est très risqué d'investir sur les marchés émergents cette année. Qu'en pensez vous ?
Les niveaux de valorisation plus attractifs et plus raisonnables constituent un important coussin de protection pour ces pays.

À présent, il faut garder à l'esprit le potentiel à long terme de ces économies. Les pays de l'Asean  reposent sur de solides fondamentaux qui s'inscrivent sur une tendance durable.
Notre fonds a pour vocation de permettre aux investisseurs de se positionner sur des pays à fort potentiel à horizon d'investissement d'une dizaine d'années.

Quels sont les principaux risques que présente un investissement dans ces pays ?
Au-delà du risque que constitue le ralentissement économique global, nous pouvons citer deux autres risques. En premier lieu celui d'une instabilité politique. Ainsi, le retour au pouvoir de l'armée en Thaïlande l'année dernière a créé clairement une incertitude sur l'évolution politique et sur le programme de réformes appliqué dans le pays.

Enfin, un dernier risque est lié à des facteurs externes comme le retour d'épidémies telles que la grippe aviaire qui peuvent affecter le sentiment d'investissement dans la région comme nous l'avions eu lors de la dernière crise sanitaire.

Propos recueillis par Imen Hazgui

- 15 Avril 2008 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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