par Chang-Ran Kim et Helen Massy-Beresford

La banque Goldman Sachs anticipe ainsi une baisse de 9% de la production et des ventes l'an prochain, révisant ainsi un premier pronostic qui donnait une contraction de 7%.

Elle a également réduit ses objectifs de cours pour PSA Peugeot Citroën, Renault, Fiat et Michelin.

Aux Etats-Unis, les constructeurs espèrent toujours en une aide publique de plusieurs milliards de dollars mais dans l'intervalle l'idée d'une fusion a refait surface, au moins entre General Motors et Chrysler, rapporte le Wall Street Journal jeudi.

Le WSJ ajoute que c'est le fonds Cerberus Capital Management, propriétaire de Chrysler, qui a pris l'initiative de relancer des discussions qui avaient tourné court voici 15 jours.

Chrysler pour sa part a fait savoir mercredi qu'il arrêterait totalement sa production pendant un mois au moins à partir du 19 décembre, mettant ainsi en chômage technique ses sites ses usines aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique.

Il évoque des tensions financières provoquées par la crise du crédit et par la baisse des ventes.

Autant de mauvaises nouvelles pour les grands exportateurs que sont les constructeurs automobiles japonais. Rien d'étonnant donc à ce que Honda Motor ait émis mercredi son troisième avertissement en cinq mois.

Le deuxième constructeur automobile japonais doit en outre, tout comme ses concurrents locaux, faire face à une forte poussée du yen. Il anticipe une perte d'exploitation de 190 milliards de yens sur la période de six mois close le 31 mars, ce qui a eu pour effet une baisse du cours de 3,5% mercredi en Bourse de Tokyo.

"Il est très difficile de présumer où le marché va trouver un plancher", explique Satoshi Aoki, président de la fédération des constructeurs automobiles japonais (Jama). "Ce qui paraît clair, c'est que la reprise n'est pas pour demain et quant à savoir quand elle sera là, je n'en ai pas la moindre idée".

GARE AUX CHANGES

La Jama prévoit ainsi que la demande de véhicules diminue de 4,9% au Japon en 2009, à 4,86 millions de véhicules. Ce serait la première fois depuis 31 ans, que les ventes seraient inférieures à cinq millions de véhicules.

Aoki a également prédit une baisse de 6% environ des ventes de véhicules légers aux Etats-Unis l'an prochain, à 12,5 millions d'unités contre 13,3 millions attendus cette année. Par rapport aux 16,2 millions de 2007, cela représenterait une chute de 23%.

Le montant des ventes en volume serait aussi le plus faible jamais observé aux Etats-Unis depuis 1991.

Aoki juge vital de redonner vie au secteur automobile américain, tout en soulignant cependant qu'il ne faudrait pas qu'une aide publique trop importante vienne fausser la concurrence.

"Si l'aide de l'Etat ne privilégie que les Trois de Detroit, ce sera regrettable au point de vue de la notion de libre échange", a-t-il dit.

S'il n'est pas allé jusqu'à réclamer une intervention pour faire baisser le yen, Aoki a toutefois mis en garde contre les fluctuations de change trop brutales et dévastatrices.

"Les mouvements de change brutaux et surtout s'ils sont de grande ampleur, ne nuisent pas seulement à la profitabilité des entreprises à court terme mais aussi à leur aptitude à planifier sur le moyen et long termes", a-t-il expliqué.

L'Europe n'est pas épargnée. L'Association des constructeurs européens d'automobiles (Acea) a ainsi annoncé ce jeudi une chute sans précédent de 30,8% des ventes d'utilitaires en novembre sur le Vieux Continent.

Deux jours auparavant, l'Acea rendait compte d'une baisse de 25,8% des ventes de véhicules neufs durant le même mois en Europe, une première depuis 1999 selon elle.

Les déboires des constructeurs ont évidemment des incidences sur l'activité des équipementiers à l'exemple de Valeo qui a émis un avertissement mercredi et qui compte supprimer 5.000 emplois, soit 9% de ses effectifs environ, en raison de la dégradation "brutale" de la production automobile.

Dans l'intervalle, les mises au chômage technique continuent de se répandre. Le turc Ford Otosan suspendra ainsi sa production pendant plus de trois semaines en raison d'une forte baisse de la demande, tant localement qu'à l'étranger.

Ford Otosan est une société commune entre Ford et le conglomérat turc Koc Holding.

Wilfrid Exbrayat