(Actualisé avec policier vivant, contexte)

CARACAS, 16 mai (Reuters) - Les partisans de l'opposition vénézuélienne ont bloqué lundi des rues de Caracas et d'autres villes au moyen de barricades et en se relayant dans des sit-ins, déclenchant de nouveaux heurts et la mort d'un jeune homme de 18 ans dans l'Etat du Tachira, dans l'ouest du pays.

Luis Alviarez, âgé de 18 ans, a été tué lors de manifestations, selon le bureau du médiateur de l'Etat, qui n'a pas fourni davantage de précisions.

Au moins 39 personnes (manifestants, partisans du gouvernement, passants ou membres des forces de l'ordre) ont été tuées depuis le début des manifestations il y a six semaines.

Déterminés à maintenir la pression sur le président Nicolas Maduro, les manifestants réclament depuis début avril l'organisation d'élections, la libération de militants emprisonnés, l'autonomie du Parlement contrôlé par l'opposition ou encore l'autorisation de l'aide humanitaire étrangère pour atténuer les effets de la crise économique.

Pour se faire entendre d'un chef de l'Etat qui les accuse de vouloir prendre le pouvoir par la force et limiter les risques de violences qui ont déjà fait une quarantaine de morts, les opposants ont multiplié les changements de tactique ces derniers jours.

A Valencia, où les manifestants ont affronté les forces de sécurité, le gouverneur local socialiste avait annoncé qu'un policier avait été abattu par un tireur embusqué. Il a déclaré par la suite que le policier, dans un état critique, n'avait pas été tué.

Samedi, certains d'entre eux ont parcouru à cheval les rues de Caracas et le lendemain, des femmes ont apporté des fleurs et des lettres aux policiers et aux soldats à l'occasion de la Fête des mères.

A partir de lundi à l'aube, les opposants ont prévu de se relayer sur des barricades de fortune érigées avec des branches, des pierres et des poubelles sur certaines artères de Caracas, dont la voie rapide Francisco Fajardo qui traverse la capitale.

Certains ont amené des chaises, des matelas et de la nourriture pour passer le temps.

"Je suis là pour douze heures. Et je reviendrai chaque jour, aussi longtemps que nécessaire", dit Anelin Rojas, une employée dans les ressources humaines de 30 ans, assise avec un livre et ses écouteurs au milieu de la rue.

"Malheureusement, nous faisons face à une dictature. Rien ne changera si on ne les y contraint pas", ajoute-t-elle.

Le mouvement n'est pas limité à Caracas. Dans la province de Tachira, dans l'ouest du pays, des ouvriers agricoles se sont mis en grève lundi en solidarité avec les manifestants et leur ont distribué leur production de lait et de fromage, rapportent des témoins.

Sur l'île de Margarita, la députée d'opposition Yanet Fermin a été arrêtée alors qu'elle effectuait une médiation entre policiers et manifestants, a dit sa formation politique. (Andrew Cawthorne; Tangi Salaün et Julie Carriat pour le service français)