par Sven Egenter

Les responsables des pays industrialisés et émergents devraient s'attaquer aux problèmes de refinancement dans les prochaines semaines et les ressources dont dispose le Fonds Monétaire International (FMI) pour aider les pays émergents devraient être renforcées, précise l'IIF.

"La baisse des prévisions en 2009 dans ce domaine soulève des questions majeures sur la viabilité de financement de certains pays émergents qui subissent de plein fouet la crise économique", ajoute William Rhodes, premier vice-président de comité de l'IIF dans le texte qu'il doit prononcer mardi lors d'une conférence de presse à Zurich.

Les dirigeants de ces marchés doivent être vigilants et le FMI accompagner leurs efforts, déclare Rhodes, également directeur général de Citibank.

"Les ressources du FMI doivent être accrues et ses approches modifiées afin de fournir des financements aux marchés émergents englués dans une crise dont ils ne sont pas responsables", poursuit-il.

L'IIF s'attend à ce que les entrées de capitaux privés vers les pays émergents atteignent 165 milliards de dollars en 2009 après 466 milliards estimés en 2008 et un chiffre record de 929 milliards de dollars en 2007.

L'Institut, en association avec des groupes de services financiers comptant 400 collaborateurs internationaux, table sur une dégradation de l'économie mondiale de 1,1% en 2009, après une croissance de 2% l'an dernier, revoyant à la baisse ses prévisions de décembre qui tablaient sur un recul de 0,4%.

Il s'attend à ce que les trois grandes puissances économiques (les Etats-Unis, la zone euro et le Japon) reculent de 2,1% alors que les pays émergents devraient croître de 2,7%, deux fois moins qu'en 2008.

LES EMPRUNTEURS DÉPASSÉS

La croissance en Chine pourrait ralentir à 6,5%, ajoute l'IIF, alors qu'en Amérique latine, le Mexique fait face à la récession dans une région où la progression se situe en dessous de 1%.

"La récession sera plus redoutable pour les pays européens émergents, et l'économie de cette région sera la plus faible de sa catégorie", précise l'IIF.

Celui-ci s'attend à ce que les mouvements de capitaux nets y chutent à 30 milliards de dollars après 254 milliards en 2008.

L'économie de la plupart des principaux pays émergents se portait mieux que lors des crises précédentes, mais leurs responsables ont dû agir à temps, constate Rhodes.

"Les responsables des marchés émergents et (industrialisés, ndlr) seraient bien avisés de s'atteler aux problèmes de refinancement dans les semaines et les mois à venir" a déclaré Philip Suttle, directeur de la recherche économique à l'IIF.

Les emprunteurs aux marchés émergents ont fait face à des difficultés pour renouveler leurs engagements à des conditions qui ne dépendent pas que de leur propre environnement mais aussi de celui de leurs bailleurs.

Ils risquent en outre d'être dépassés par les besoins massifs en emprunts de la part des gouvernements du G10.

La crise actuelle devrait toucher les emprunts des banques vers les pays émergents, selon l'IIF qui s'attend à des sorties nettes de 61 milliards de dollars après des entrées de 167 milliards en 2008.

Les emprunteurs de pays émergents européens rembourseront 27 milliards de dollars. Rien que la Russie devrait retourner 49 milliards de dollars nets, estime l'IIF.

Concernant l'Asie émergente, l'Institut s'attend à ce qu'elle rembourse aux banques 25 milliards de dollars.

Sven Egenter, version française Ratiba Hamzaoui, édition Pascal Schmuck