par Emma Thomasson

Plus de 40 chefs d'Etat et de gouvernement - près de deux fois plus qu'en 2008 - sont attendus dans la station de ski suisse ainsi que 36 ministres des Finances et banquiers centraux.

En revanche, sur les 1.400 participants du monde de l'entreprise attendus, il y aura cette année moins de dirigeants de grandes banques ou de capitaines d'industrie. Occupés à maintenir à flot leurs entreprises et à conserver leur emploi, beaucoup hésitent à s'associer au clinquant habituel de la manifestation.

"La balance penche à nouveau du côté des gouvernements en ces temps de récession", estime Thomas Mayer, économiste à la Deutsche Bank. "Nous nous dirigeons vers une période où une plus forte intervention de l'Etat s'accompagnera d'une croissance plus faible et d'une inflation en hausse".

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine donnera mercredi le coup d'envoi des quatre journées de discussions qui ont pour mot d'ordre cette année "Forger le monde de l'après-crise".

Le Premier ministre chinois Wen Jiabao, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre japonais Taro Aso et son homologue britannique Gordon Brown seront également présents, de même que Valerie Jarrett, conseillère du président américain Barack Obama.

C'est la première fois que les dirigeants des principales puissances mondiales auront l'occasion d'évoquer ensemble la crise économique et financière mondiale depuis le sommet du G20, en novembre à Washington.

Le G20, qui réunit pays développés et émergents, doit se réunir à nouveau en avril avant un sommet du G8 en juillet. Une réunion des ministres des Finances du G7 est également au programme mi-février.

SOBRIÉTÉ ET AUTO-CRITIQUE

Conçu à l'origine, en 1971, comme un forum de réflexion économique et universitaire, le Forum économique de Davos (FED) est devenu au fil des ans un événement international incontournable focalisant la colère des anticapitalistes.

Selon le Financial Times, sobriété et autocritique devraient dominer l'événement cette année et les soirées cocktails et ballades en ski se feront probablement plus rares.

A la place, les participants sont invités à participer à une simulation du quotidien dans un camp de réfugiés ou à traverser un champ de mines tandis que des organisations caritatives remettront des prix "pour des réalisations majeures en termes d'irresponsabilité sociale et environnementale".

Un rapport du Forum économique publié avant la rencontre a dressé la liste des principaux défis : détérioration des finances publiques, ralentissement de l'économie chinoise, tensions sur l'eau et la nourriture provoquées par les changements climatiques et manque de coordination internationale.

Les craintes d'une montée du protectionnisme sont également de plus en plus fortes. Samedi, une vingtaine de ministres du Commerce se sont réunis en marge du Forum pour discuter des négociations dites du cycle de Doha sur la libéralisation des échanges mondiaux, toujours dans l'impasse.

Si l'économie va sans surprise dominer une grande partie des discussions, les questions de sécurité avec notamment la crise au Proche-Orient seront également au programme ainsi que l'environnement. Une trentaine de ministres de l'Ecologie et de l'Energie seront présents à Davos.

FORUM SOCIAL AU BRÉSIL

Pour Klaus Schwab, fondateur et président du Forum, cette manifestation sera l'occasion pour les dirigeants politiques et économiques de la planète de discuter du type de société qu'ils souhaitent voir émerger une fois que la crise sera terminée.

"Nous assistons en ce moment à la naissance d'une nouvelle ère, à un appel en faveur de la refonte de nos institutions, de nos systèmes et par-dessus tout, de nos façons de penser", a-t-il dit.

Comme chaque année, des manifestations de protestation devraient avoir lieu. Des militants ont menacé de provoquer des troubles à Genève après l'interdiction d'une manifestation anticapitaliste prévue samedi dernier.

"Le FED est un symbole des politiques néo-libérales de ces vingt dernières années qui ont provoqué cette crise. Nous ne pensons pas que les personnes responsables de la crise sont celles qui pourront la régler", dénonce Laurent Tettamenti, un des organisateurs de la manifestation de Genève.

En parallèle aux discussions de Davos, le Forum social mondial se tiendra à Belem (Brésil) du 27 janvier au 1er février.

Version française Gwénaelle Barzic, édité par Jacques Poznanski