Paris (awp/afp) - Les prix mondiaux du blé oscillent sur les marchés, en attendant les moissons qui débutent dans l'hémisphère Nord et apporteront une clarification sur la qualité et les volumes mondiaux disponibles pour 2024-25.

Après un mois de chute, les prix de la céréale du pain s'étaient brusquement redressés fin juin, reflétant l'inquiétude des opérateurs concernant la récolte russe après une succession de pics de chaleur dans les plaines du sud du pays, de gelées puis de sécheresse intense dans les régions Centre et la Volga.

Depuis, la récolte a débuté dans le sud de la Russie et "c'est mieux qu'attendu", et "les échos sont bons sur les rendements" en Roumanie et en Ukraine, souligne Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France (cabinet Agritel).

Le cabinet spécialisé SovEcon a ainsi relevé ses estimations de production de blé russe, à 84 millions de tonnes (contre 80,7 Mt estimés fin juin). La production ukrainienne est de son côté évaluée entre 19 et 19,5 millions de tonnes en 2024 selon les sources.

Dans le même temps, en Europe de l'Ouest et en particulier en France, premier exportateur européen de céréales, "la moisson d'orges d'hiver a bien avancé et la déception est générale sur les rendements, bien plus bas qu'attendus", relève M. Poncelet.

Ces premiers résultats en orge, utilisé en fourrage et comme ingrédient de la bière, "inquiètent pour le blé", dont la récolte commence en moyenne quinze jours plus tard. Même s'il n'y a "pas de corrélation systématique entre les deux céréales, cela alimente les craintes, ce qui explique la remontée des prix du blé en début de semaine", indique l'analyste.

Habituellement autour de 35 millions de tonnes, la récolte française de blé pourrait cette année chuter sous les 30 millions, selon les estimations officieuses de plusieurs maisons de courtage, après une campagne particulièrement pluvieuse et manquant d'ensoleillement.

Maïs en stock

En dépit de ces facteurs de hausse pour les cours, la remontée des prix est restée contenue car le blé français n'est toujours pas compétitif par rapport à celui de la mer Noire, notamment le grain russe, environ 20 dollars moins cher la tonne, relève Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.

"Les opérateurs hésitent. On a d'un côté un oeil sur les prix de la mer Noire", qui incitent à la baisse, et de l'autre "un regard sur les mauvais résultats de la récolte d'orge qui rendent peu optimiste pour le blé", ce qui pourrait apporter du soutien aux cours, relève-t-il.

En attendant "la clarification qui n'arrivera qu'avec les récoltes", les cours du blé étaient en baisse mercredi sur Euronext, la tonne de grain s'échangeant autour de 224,5 euros sur l'échéance la plus rapprochée (septembre).

Côté américain, "la pression de la récolte" poussait aussi les prix à la baisse.

"Les fermiers ont des stocks de blé qu'ils veulent liquider avant que la nouvelle récolte arrive", explique Jon Scheve, de Superior Feed Ingredients.

Le maïs était quant à lui relativement stable sur le marché européen, avec des prix oscillant depuis plusieurs jours entre 210 et 212 euros la tonne sur l'échéance d'août.

C'est aux Etats-Unis, poids lourd mondial du grain jaune, que les mouvements ont été les plus notables ces derniers jours.

Vendredi, le cours du maïs est tombé à son plus bas niveau depuis trois ans et demi (à 3,905 dollars le boisseau à la Bourse de Chicago), torpillé par deux rapports du ministère de l'Agriculture (USDA) qui ont fait état de surfaces cultivées et de stocks plus importants que prévu.

Ces rapports ont encore accentué la pression qui s'exerce sur les cours du maïs depuis plusieurs semaines, alors que la récolte mondiale s'annonce abondante et que les conditions météorologiques relativement clémentes ont fait souffler un vent de spéculation sur ce marché, des fonds pariant à la baisse.

Les cours sont toutefois remontés depuis, clôturant mardi au-dessus des 4 dollars le boisseau (environ 25 kg): "le marché prend maintenant en compte le fait qu'il y a eu trop de pluie" dans certains régions, conduisant à la détérioration de l'état des cultures dans le Minnesota, l'Iowa, le Wisconsin et le Nebraska, a relevé Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

afp/rp