KAMPALA, 8 janvier (Reuters) - Les rebelles congolais du M23 ont annoncé mardi un cessez-le-feu unilatéral au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), à la veille d'une deuxième série de pourparlers de paix avec le gouvernement de Kinshasa.

"Nous sommes pour la paix (...) aujourd'hui, nous déclarons que nous sommes en état de cessez-le-feu", a dit François Rucogoza, secrétaire exécutif du M23, lors d'une conférence de presse dans la capitale ougandaise, Kampala.

"Nous poursuivrons les négociations même en cas de refus du gouvernement de signer un accord de cessez-le-feu", a-t-il ajouté.

Le M23 a pris les armes au Nord-Kivu il y a neuf mois en accusant le gouvernement du président Joseph Kabila de ne pas avoir respecté un précédent accord de réconciliation datant de 2009. Il a ensuite menacé de marcher sur Kinshasa, de "libérer" toute la RDC et de renverser le chef de l'Etat.

En décembre, les insurgés avaient accepté de se retirer de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, mais un premier round de pourparlers s'était terminé ensuite sur un échec, des menaces et des accusations.

La semaine dernière, le M23 avait pourtant fait de la signature par le gouvernement d'un accord de cessez-le-feu un préalable à une reprise des discussions.

Mardi, le M23 a proposé que les Nations unies dépêchent auprès d'eux un émissaire pour les aider à trouver un accord avec le gouvernement.

"Nous voulons que Kinshasa signe un accord de cessez-le-feu avec nous. Si un émissaire spécial de l'Onu peut nous aider à y parvenir, nous pensons que ce serait bien", a déclaré Bertrand Bisimwa, porte-parole du M23, à la presse à Kampala.

A Kinshasa, les autorités congolaises ont exprimé leur scepticisme quant à l'initiative des insurgés.

"Nous ne pensons pas qu'il puisse s'agir d'une concession de la part de gens qui ne sont pas très enclins à faire ce qu'ils disent", a déclaré Lambert Mende, porte-parole du gouvernement. "Nous attendons de voir (...) Nous voulons savoir pourquoi (ils ont fait cette annonce)".

Les puissances étrangères redoutent que le conflit dans les Kivus ne déclenche une nouvelle guerre dans une sous-région dont les énormes richesses minières attisent les convoitises.

Le Rwanda et l'Ouganda, frontaliers de la RDC, sont accusés par un groupe d'experts des Nations unies de soutenir l'action du M23, ce que Kigali et Kampala nient énergiquement. (Elias Biryabarema, avec George Obulutsa et Jonny Hogg à Kinshasa, Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser)