(actualisé avec déclaration d'Ankara)

BEYROUTH, 16 octobre (Reuters) - Les rebelles syriens soutenus par la Turquie ont annoncé dimanche avoir pris le contrôle de la localité symbolique de Dabiq, que tenait l'Etat islamique (EI) dans le nord-ouest de la Syrie.

Le succès de l'offensive a été confirmé par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Situé au pied d'une petite colline dans les plaines fertiles du nord-ouest de la Syrie, Dabiq se trouve à 14 km de la fontière turque et 33 km au nord d'Alep.

Le village n'est pas d'une importance stratégique majeure mais l'EI la présente comme le site de l'ultime bataille avant l'apocalypse entre musulmans et "infidèles" et a donné son nom à l'un de ses magazines publiés en ligne. C'est aussi dans ce village que le groupe extrémiste sunnite avait choisi d'exécuter l'otage américain Peter Kassig en 2014.

"Le mythe brandi par Daech de la grande bataille de Dabiq est terminé", a dit à Reuters Ahmed Osman, qui dirige le groupe rebelle Sultan Mourad, affilié à l'Armée syrienne libre (ASL). Il a ajouté que les rebelles, appuyés par des blindés et des avions turcs, avaient également pris la localité voisine de Soran.

Ces derniers temps, face à l'avancée des rebelles soutenus par Ankara, l'EI a cependant pris ses distances avec le symbolisme de Dabiq, estimant par avance que l'assaut lancé par ces insurgés n'était pas la bataille prophétique à laquelle il se référait.

Selon l'OSDH, l'organisation djihadiste avait affecté 1.200 combattants à sa défense.

Une source militaire turque a cependant rapporté que les islamistes semblaient avoir quitté les lieux. Elle a ajouté que des groupes de rebelles avaient été visés par des tirs à l'extérieur du village et que plusieurs d'entre eux avaient été tués par des engins explosifs.

Les rebelles et l'armée turque s'employaient dimanche à sécuriser les environs et à empêcher toute fuite des derniers combattants djihadistes encore dans le secteur.

La prise de Dabiq s'inscrit dans le cadre de l'opération "Bouclier de l'Euphrate" lancée le 24 août dernier par la Turquie et ses alliés parmi les groupes rebelles syriens avec un double objectif: repousser les djihadistes de la zone frontalière et empêcher les Kurdes syriens d'étendre les territoires sous leur contrôle dans le nord de la Syrie.

Malgré la perte de Dabiq, l'EI contrôle toujours en Syrie la plus grande partie du bassin de l'Euphrate, d'Al Bab, 26 km au sud-est de Dabiq, à Rakka et jusqu'à la frontière irakienne.

Ankara a fait savoir ce succès des rebelles n'aurait aucune incidence sur la présence de forces turques sur le sol syrien.

"L'opération Bouclier de l'Euphrate se poursuivra jusqu'à ce que soyons convaincus que la frontière est tout a fait sûre, qu'il n'y ait plus d'attaques terroristes contre des citoyens turcs et que le peuple syrien se sente en sécurité", a déclaré un porte-parole du président turc, Recep Tayyip Erdogan. (Angus McDowall et Tom Perry avec Orhan Coskun à Ankara; Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse et Nicolas Delame pour le service français)