Avec une croissance économique en hausse et un chômage en baisse, M. Macron peut s'appuyer sur une série de données pour montrer qu'il a redémarré la deuxième plus grande économie de la zone euro, bien que les retombées de la crise ukrainienne risquent de détourner l'attention de son bilan économique.

En annonçant jeudi dernier qu'il allait se représenter aux élections, M. Macron devra convaincre les électeurs que les gains économiques se font sentir malgré une inflation galopante, qui risque de s'aggraver avec la hausse des prix de l'énergie due au conflit en Ukraine.

Même si le ministère des Finances estime que le revenu disponible brut des ménages s'est amélioré deux fois plus sous Macron que pendant les deux présidences précédentes, les sondages suggèrent que la principale préoccupation des électeurs est la baisse du pouvoir d'achat.

Quelques mois après son arrivée au pouvoir en 2017, l'ancien banquier d'affaires a réduit les impôts des investisseurs et des riches tout en assouplissant les règles d'embauche et de licenciement longtemps déplorées par les employeurs.

Au moment où la pandémie de COVID-19 a éclaté, l'économie française affichait des performances supérieures à celles de nombreux pairs européens et, alors que la crise a commencé à s'atténuer, elle a rebondi encore plus fortement, la croissance ayant atteint l'an dernier son plus haut niveau en 52 ans, soit 7 %.


Graphique : La reprise post-pandémique de la France a dépassé celle de la plupart de ses pairs -

Le

chômage obstinément élevé est tombé au niveau le plus bas depuis juste avant la crise financière mondiale de 2008-09. Plus important encore, selon les économistes, est la remontée du taux d'emploi - la part des personnes disponibles pour travailler qui occupent effectivement un emploi.

Bien que la France soit toujours à la traîne par rapport à des pays comme l'Allemagne et les Pays-Bas, l'amélioration est importante car le chômage élevé des jeunes et les retraites anticipées ont longtemps pesé sur le taux d'emploi de la France.


Graphique : Le taux d'emploi de la France le plus élevé depuis des décennies -

La réforme du travail de 2017 de Macron n'a été possible que parce que le plus grand syndicat - la CFDT modérée - ne s'y est pas opposé. Mais même la CFDT a récemment déclaré que les relations de travail au sein des entreprises en avaient souffert.

Les employeurs sont désormais moins réticents à embaucher sur des contrats à long terme, difficiles à rompre lorsque les entreprises doivent réduire leurs effectifs, indiquent les données sur les cotisations sociales salariales.


Graphique : Part des embauches en France sur des contrats de travail à long terme -

Macron est apparu plus dans son élément en tant que vendeur en chef présentant l'économie française aux investisseurs étrangers lors des dîners annuels des PDG de certaines des plus grandes multinationales du monde.

Les données sur les investissements directs étrangers suggèrent que cet effort a porté ses fruits, atteignant des niveaux record avant la pandémie, même s'il s'est temporairement effondré lorsque le coronavirus s'est répandu dans le monde entier.


Graphique : Investissements directs étrangers en France -

Un récent flot d'investissements étrangers a rendu la scène technologique française rouge et les promesses faites par Macron en 2019 de transformer la France en une "start-up nation" ne semblent plus farfelues.

Vêtu d'un col roulé noir comme l'ancien PDG et gourou d'Apple Steve Jobs, Macron a récemment fêté la 25e licorne française - une start-up évaluée à plus d'un milliard de dollars - avant son propre objectif de 2025.

Au-delà de la technologie, certains signes montrent qu'un esprit d'entreprise plus large s'installe, avec des enregistrements de nouvelles entreprises atteignant des niveaux records, même si cela est en partie dû aux livreurs indépendants qui profitent du boom du shopping en ligne.


Graphique : Nouvelles immatriculations d'entreprises en France -

Là où Macron est le plus exposé, ce sont les finances publiques. La candidate conservatrice Valérie Pecresse l'accuse d'avoir brûlé l'argent pendant la crise et d'avoir poussé la dette nationale à un niveau record de quelque 115 % du PIB.

Selon la banque centrale, il faudra une décennie pour ramener la dette à son niveau d'avant la crise, en dessous de 100 %, et rompre avec la gestion douce des dépenses publiques observée au cours de la décennie précédente.


Graphique : La crise du COVID a levé le poids de la dette -
Les

dépenses publiques restent parmi les plus élevées au monde, et les promesses de réduire les effectifs de la fonction publique de 50 000 personnes ont été discrètement abandonnées.

Par ailleurs, l'abandon par Macron de l'impôt français sur la fortune au début de sa présidence en faveur d'une taxe sur l'immobilier n'a pas déclenché la vague d'investissements souhaitée, selon un rapport publié en octobre dernier par le groupe de réflexion du Conseil d'analyse économique, qui fait partie du cabinet du Premier ministre.

La mesure a toutefois permis d'inverser un flot de contribuables fortunés partant à l'étranger et a contribué à stimuler le versement de dividendes aux ménages, selon l'étude.

Macron a toutefois payé un prix politique élevé, ses opposants et les manifestants des "gilets jaunes" le qualifiant de "président des riches".

Désespérant maintenant d'éviter qu'une peur de l'inflation n'entache son succès économique, le gouvernement de M. Macron dépense plus de 15 milliards d'euros pour limiter la hausse des prix du gaz et de l'électricité qui frappe de nombreux consommateurs.

Il y a une autre tache flagrante sur le bilan économique de Macron sous la forme du déficit commercial abyssal de la France, qui a atteint un record de 3,4 % du PIB l'année dernière.

Bien que la forte demande d'importation et les prix élevés de l'énergie puissent être partiellement mis en cause, même le ministre des finances de Macron, Bruno Le Maire, affirme que ce déficit est tout autant un symptôme de la compétitivité internationale encore faible de la France.


Graphique : Le déficit commercial de la France atteint un niveau record -

(1 $ = 0,8899 euros

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