* Le projet dévoilé lundi compléterait la réforme Trump de décembre

* L'opposition démocrate dénonce un nouveau cadeau aux plus riches

* L'initiative s'inscrit dans la campagne en vue des élections de mi-mandat

par David Morgan et Amanda Becker

WASHINGTON, 11 septembre (Reuters) - Les élus républicains à la Chambre des représentants ont dévoilé lundi un projet de nouvelles réformes fiscales amplifiant la refonte adoptée à la demande de Donald Trump par le Congrès en décembre dernier.

L'un des trois principaux volets de cette réforme, déposée en commission, rendrait permanent l'allègement de la fiscalité sur les particuliers qui court pour l'instant jusqu'en 2025.

Les deux autres volets supprimeraient le plafond d'âge de cotisation pour certaines retraites complémentaires et permettraient aux nouvelles entreprises d'amortir davantage les coûts de démarrage de leur activité.

Cette "réforme fiscale 2.0" s'inscrit dans l'optique des élections de mi-mandat du 6 novembre prochain: les républicains estiment qu'un nouveau débat sur la fiscalité sera à même de renforcer et amplifier le message économique porté par les candidats du Parti républicain aux Midterms.

Et même s'ils ne parviennent pas à la faire adopter, leur initiative pourraient contraindre les démocrates à faire campagne contre de nouvelles baisses d'impôts, un positionnement qui peut être délicat avant un rendez-vous électoral.

"Chaque fois que nous parlons de baisses des impôts et de croissance de l'économie, nous gagnons", expliquait Matt Gorman, porte-parole du comité parlementaire républicain, principale entité du parti soutenant les candidats à la Chambre, avant la présentation du projet.

La réforme de la fiscalité, promulguée à la fin de l'année dernière, est l'une des principales réalisations de Donald Trump depuis son arrivée à la Maison blanche, en janvier 2017. Le camp républicain la présente comme un facteur majeur de la bonne tenue de l'économie américaine.

D'une ampleur sans précédent depuis la refonte du code des impôts sous la présidence de Ronald Reagan il y a 30 ans, elle a ramené le taux d'imposition sur les bénéfices des entreprises de 35% à 21% et allégé, jusqu'en 2025, la fiscalité des particuliers.

"Avec la version 2.0 de leur arnaque fiscale en faveur des riches, les républicains veulent creuser davantage encore le déficit et gonfler davantage encore les comptes en banque des 1% les plus riches", a dénoncé Nancy Pelosi, cheffe de file du groupe démocrate à la Chambre.

UN COUP POLITIQUE

Le principal promoteur de cette nouvelle réforme, Kevin Brady, président républicain de la commission des Voies et des Moyens, qui a compétence sur les questions de fiscalité, entend la mettre aux voix dès jeudi en commission avant un vote en séance plénière à la Chambre le 1er octobre.

Les républicains, pour l'heure majoritaires à la Chambre des représentants et au Sénat, s'appuient sur une étude de la Tax Foundation, un institut indépendant qui prévoit la création de 1,5 million d'emplois et des hausses de salaires si les réductions d'impôts accordées aux particuliers inclues dans la réforme Trump sont pérennisées.

Des observateurs de la vie parlementaire jugent néanmoins que les républicains pourraient éprouver des difficultés à obtenir les 216 voix nécessaires à la Chambre pour voter une nouvelle proposition de loi.

Son effet sur le déficit du budget fédéral, déjà amplement creusé par les 1.500 milliards de dollars de baisses des impôts sur dix ans prévues par la réforme Trump, pourrait dissuader des élus de s'associer à cette nouvelle réforme.

"Ajouter plusieurs centaines de milliards de dollars supplémentaires au déficit est un développement auquel certains républicains, je pense, vont réfléchir à deux fois", analyse John Gimigliano, chargé de la législation fiscale et des services de régulation chez le cabinet de consultant KPMG.

Le projet de la Chambre creuserait le déficit fédéral de 576 milliards de dollars supplémentaires, selon les calculs de la Tax Foundation.

"Quels que soient les mérites du plan des républicains de la Chambre, nous le considérons comme une initiative politique à l'approche des élections de mi-mandat qui n'a aucune chance d'être adoptée à court terme par le Congrès", écrit la firme d'investissement Keefe, Bruyette & Woods dans une note adressée lundi à ses clients. (Pierre Sérisier et Henri-Pierre André pour le service français)