ANKARA, 12 septembre (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rencontré vendredi des responsables politiques turcs afin d'obtenir leur soutien à la coalition que monte Washington contre l'Etat islamique, mais les réticences exprimées par Ankara montrent à quel point le projet américain sera difficile à bâtir.

Depuis mercredi, John Kerry sillonne le Moyen-Orient pour tenter d'obtenir des soutiens au plan de Barack Obama, qui prévoit des frappes aériennes sur des positions de l'Etat islamique en Syrie et en Irak.

Membre de l'Otan, la Turquie est l'un des principaux alliés de Washington dans la région, mais elle s'est jusqu'à présent ostensiblement gardée de s'engager en faveur d'une nouvelle campagne militaire.

John Kerry a obtenu jeudi en Arabie saoudite l'aval d'une dizaines de pays arabes en faveur d'une "campagne militaire coordonnée" contre les combattants djihadistes. Mais la Turquie, présente à cette réunion, n'a pas signé le communiqué final.

Selon un haut responsable turc, la prudence d'Ankara s'explique notamment par sa volonté de ne pas compromettre ses efforts en vue de la libération de 46 otages turcs capturés au mois de juin en Irak par des combattants de l'Etat islamique.

Côté américain, on souligne que la Turquie pourrait jouer un rôle autre que militaire.

"Les Turcs ont joué un rôle extraordinaire, notamment en matière humanitaire (...), et ils vont jouer un rôle primordial dans les efforts que nous déployons contre l'acheminement de combattants étrangers et contre le financement du terrorisme", a dit un haut responsable du secrétariat d'Etat.

La presse turque pro-gouvernementale a salué vendredi la prudence d'Ankara, s'interrogeant sur la pertinence de la campagne militaire prônée par Washington.

Elle fait également un parallèle avec le rejet en 2003 par le Parlement turc d'une demande des Etats-Unis qui souhaitaient passer par la Turquie pour envahir l'Irak. (Jason Szep, Nicolas Delame pour le service français)