par Natsuko Waki

Le maintien de taux bas par les principales banques centrales mondiales, au détriment du marché obligataire, favorise cet engouement.

En Europe, le rendement moyen des dividendes tourne autour de 4%, soit 1,5 point de pourcentage de plus que l'emprunt allemand de référence à 10 ans. Il concurrence également les rendements des obligations d'entreprises notés BBB qui approchent de 5%.

Selon les calculs de Federated Investors, le retour sur investissement des groupes qui versent des dividendes a surpassé de près de 190 points de base l'évolution des marchés depuis janvier.

"Si vous pensez que les marchés développés vont évoluer dans une fourchette étroite pendant un certain temps et que, dans le même temps, vous pouvez obtenir une rentabilité de 4%, pourquoi ne pas investir ?", demande Mark Stoeckle, investisseur en chef sur les marchés d'actions américains chez BNP Paribas Asset Management. "Le dividende est une marque de confiance".

Selon des estimations de JPMorgan, les ETF permettant de suivre l'évolution les titres préférentiels, les actions à dividendes élevés et les obligations convertibles des groupes à capitalisations supérieures à 200 millions de dollars ont attiré 1,3 milliard de dollars depuis le début du mois, après 1,36 milliard en août.

RISQUES

Aux Etats-Unis, au moins une douzaine de grands groupes américains offrent des dividendes aux rendements plus élevés que ceux du marché de la dette.

En tête du palmarès figure le pharmacien Eli Lilly, dont le dividende offre un rendement de 5,7%, soit 310 points de base de plus que le rendement moyen de ses obligations. Celui de Verizon ressort à 6,3%, 290 points de base de plus que le rendement de ses obligations.

En Europe, c'est Zurich Financial qui se distingue avec un rendement de 6,7%.

Des gestionnaires de fonds interrogés en septembre par Bank of America Merrill Lynch ont dit privilégier les services aux collectivités, un secteur qui offre traditionnellement des dividendes élevés.

"Les rendements des obligations d'entreprise reculent et l'attractivité des dividendes fournis par les actions est de plus en plus évidente", explique Gary Baker, stratège de BofA Merrill.

Cette stratégie présente toutefois plusieurs risques.

Les investisseurs doivent en effet garder à l'esprit que les fluctuations des marchés d'actions peuvent à tout moment effacer les gains espérés.

Qui plus est, en cas de coup dur, les groupes peuvent suspendre brutalement le versement du dividende, comme l'a fait BP englué dans la marée noire dans le golfe du Mexique. Or, en 2009, BP était le groupe britannique qui versait les dividendes les plus élevés.

Un autre risque réside dans l'évolution de la fiscalité sur les dividendes. Les Etats-Unis prévoient ainsi de taxer les dividendes et les revenus tirés du capital à hauteur de 40% l'année prochaine, contre 15% actuellement.

Les calculs de Lombard Odier montre que les rendements ont représenté 47% de la rentabilité totale des actions depuis 1924.

"Se limiter aux rendements des dividendes pour investir sur les marchés d'actions, c'est passer à côté de la moitié du sujet. Omettre cette partie pourrait suffire à effacer l'intégralité du rendement d'une position", explique Lombard Odier dans une note adressée à ses clients.

Nicolas Delame pour le service français, édité par Marc Angrand