par Paul Day

Le gouvernement espagnol espère que les "cajas" régionales, durement affectées par l'explosion de la bulle immobilière, pourront lever des fonds auprès d'investisseurs privés, même si aucun accord de ce type n'a été scellé à ce jour.

Selon ces responsables, qui s'exprimaient de manière anonyme, le montant à lever n'atteindra pas 30 milliards d'euros, contrairement à ce qu'écrivait le Wall Street Journal (WSJ) en citant des sources proches du sujet.

"La recapitalisation devra se faire quoi qu'il arrive et devra être absorbée dans une large mesure par le gouvernement", juge Antonio Garcia Pascual, analyste pour Barclays Capital.

Madrid annoncera les détails du plan de recapitalisation une fois que les caisses d'épargne auront dévoilé dans les semaines à venir leur exposition complète à la crise du secteur immobilier, a dit une source gouvernementale sous le sceau de l'anonymat.

L'agence de notation Fitch a maintenu mercredi une perspective négative sur la note des "cajas" espagnoles, qui représentent près de la moitié du réseau financier du pays et dont la recapitalisation représente une difficulté supplémentaire pour Madrid.

RECUL DES SPREADS ESPAGNOLS

Les économistes redoutent que le plan d'austérité appliqué par l'Espagne, qui vise à abaisser l'un des déficits publics les plus élevés de la zone euro, ne soit réduit à néant par le manque de capitaux des caisses d'épargne et par les difficultés financières des exécutifs régionaux, au moment où le pays fait déjà face à la hausse de ses coûts d'emprunts en raison de la crise de la dette souveraine.

Les écarts de rendements (spreads) entre dette espagnole et allemande se sont resserrés jeudi pour atteindre un plus bas depuis mi-novembre à 216 points de base, les investisseurs se montrant optimistes quant à une réforme efficace du Fonds européen de stabilité financière (FESF).

Selon l'article du Wall Street Journal, Madrid envisage de lever plus de 30 milliards d'euros de fonds, avec une garantie publique, pour recapitaliser les caisses d'épargne.

Arturo de Frias, responsable de la recherche chez Evolution Securities, a lui estimé que les "cajas" pourraient avoir besoin de 40 à 50 milliards d'euros pour couvrir les pertes liées au marché immobilier.

Madrid a créé l'année dernière un fonds dédié à la restructuration des banques, le FROB. Le gouverneur de la Banque d'Espagne avait prédit en décembre que les caisses d'épargne n'auraient à y recourir cette année.

Nicolas Delame et Jean Décotte pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten