(Actualisé avec ministre française des Armées, Florence Parly)

SINGAPOUR, 3 juin (Reuters) - Les Etats-Unis ne relâcheront leur pression sur la Corée du Nord que lorsque cette dernière aura clairement et définitivement renoncé à son programme nucléaire, a rappelé dimanche le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis.

"Dans le meilleur des cas, la route sera cahoteuse", a déclaré Jim Mattis en marge du "Dialogue Shangri-La", un forum annuel consacré à la défense et au renseignement en Asie.

"Nous allons continuer à mettre en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité sur la Corée du Nord. Elle n'aura de répit que lorsqu'elle aura démontré avoir pris des mesures vérifiables et irréversibles en direction de la dénucléarisation."

Après avoir soufflé le chaud et le froid, le président américain, Donald Trump, a annoncé vendredi qu'il rencontrerait le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un le 12 juin à Singapour.

Le forum Shangri-La, qui réunit les ministres de la Défense de la région mais aussi les Etats-Unis et des membres de l'Union européenne, comme la France qui a une présence militaire en Asie du Sud-Est, a consacré l'une de ses sessions aux moyens de "désamorcer la crise nord-coréenne".

La ministre française des Armées, Florence Parly, a salué dimanche "les signes d'ouverture et la priorité nouvelle accordée au développement économique" par le régime de Pyongyang.

"Les sanctions visant les activités illicites de la Corée du Nord ont produit leurs effets. Mais nous ne sommes pas naïfs. Nous ne baisserons pas la garde", a-t-elle souligné en anglais.

"Nous devons nous assurer de la robustesse de la mise en oeuvre des sanctions jusqu'au démantèlement complet, vérifiable, irréversible" du programme nucléaire nord-coréen.

Les Etats-Unis réitèrent cette exigence, résumée sous l'acronyme anglais "CVID", depuis 2003.

Florence Parly a mis en garde contre les risques récurrents de "douche froide" dans le dossier nord-coréen, relayant la prudence de l'exécutif français sur ce casse-tête diplomatique.

"Il semble qu'une armée de distingués plombiers soit à l'oeuvre sur les deux rives du Pacifique pour remettre en marche le chauffe-eau, et peut-être que le chaud reviendra. C'est ce que nous espérons", a dit la ministre, décrivant d'un ton caustique la valse-hésitation de Donald Trump.

"Nous sommes réunis ici, à Singapour, dix jours avant la tenue d'un sommet sans précédent avec la Corée du Nord. Ou non. Ou oui. Ou non", a poursuivi Florence Parly.

"De toute façon, la surprise participe de 'l'Art de la négociation'", a-t-elle estimé, citant le titre d'un livre publié en 1987 par Donald Trump en collaboration avec un journaliste américain.

"Laissons-nous surprendre et espérons que le sommet aura lieu si les conditions idoines sont réunies", a-t-elle conclu. (Idrees Ali, Nicolas Delame et Sophie Louet pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)