par Alastair Macdonald et Jan Strupczewski

BRUXELLES, 3 décembre (Reuters) - Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le chef des négociateurs communautaires Michel Barnier ont prévu de rencontrer les parlementaires européens lundi pour les informer de l'état d'avancement des négociations sur le Brexit.

Cette rencontre avec Guy Verhofstadt, le négociateur du Parlement européen, et avec son équipe se tiendra deux heures avant celle attendue entre les représentants des Vingt-Sept et la Première ministre britannique Theresa May.

Cette initiative est interprétée comme un signe encourageant alors que les dirigeants de l'UE ont donné à la chef du gouvernement britannique jusqu'à ce lundi pour formuler des propositions concrètes sur trois questions en suspens de la première phase des pourparlers : la frontière irlandaise, la facture du divorce et le statut des ressortissants européens résidant au Royaume-Uni après le Brexit.

Plusieurs responsables et diplomates européens ont toutefois rappelé qu'en l'état aucun accord n'avait été conclu.

Verhofstadt et ses collègues avaient écrit la semaine passée aux négociateurs pour leur faire part de leur inquiétude face à l'impasse dans laquelle se trouvaient les discussions, notamment sur le statut des citoyens européens après le Brexit.

Les parlementaires demandent des garanties à Londres pour que le droit de ces résidents soit assuré par la Cour européenne de justice (CEJ), une disposition dont les partisans du Brexit refusent d'entendre parler.

Ils avaient également exprimé leur préoccupation à propos du rétablissement éventuel d'une frontière physique entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord.

Tout accord sur la sortie britannique de l'UE doit être ratifié par le Parlement de Strasbourg avant la date butoir de mars 2019 afin d'ouvrir une période de transition que souhaitent les Britanniques.

Les travaux préparatoires se poursuivaient dimanche, ont dit des responsables et des diplomates européens et une source proche des discussions a qualifié la situation de "délicate". "Il n'y a d'accord sur rien tant qu'il n'y a pas d'accord sur tout", a commenté une seconde source.

Verhofstadt, ancien Premier ministre belge et farouche adversaire du Brexit, n'a fait aucun commentaire.

PROGRÈS SUFFISANTS

L'UE exige que des accords soient trouvés sur les trois points de discorde avant d'engager la seconde phase des négociations consacrée à la période de transition post-Brexit et aux futures relations commerciales entre Londres et Bruxelles.

La rencontre prévue lundi avec Theresa May est la limite fixée par les Européens pour annoncer l'ouverture de cette deuxième phase à l'occasion du Conseil européen prévu les 14 et 15 décembre à Bruxelles.

Britanniques et Européens devraient signer une déclaration commune signalant les progrès enregitrés en vue d'un accord final, si la Commission les juge "suffisants" pour entamer les discussions sur la future relation commerciale.

Un accord a été trouvé sur la facture que Londres devra payer au titre de sa sortie de l'UE. Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a précisé samedi que cela couvrirait l'ensemble des 60 milliards d'euros que réclame Bruxelles.

Sur la question de la frontière, des diplomates ont indiqué que le document commun définirait le cadre pour parvenir à un accord destiné à préserver la paix en Ulster mais de nombreux détails restent à régler.

Concernant les droits des ressortissants européens qui resteront en Grande-Bretagne, rien n'indique qu'un compromis ait été trouvé bien que les Européens suggèrent que seuls les ressortissants déjà présents au Royaume-Uni, soit trois millions de personnes, se trouveraient sous la juridiction de la CEJ.

Les citoyens européens arrivés après le Brexit ne bénéficieraient pas de cette disposition.

Outre cette question qui semblait au départ la moins épineuse, les Européens demandent un assouplissement des règles sur le regroupement familial et une harmonisation de la couverture sociale.

Après cinq mois de négociations, la Grande-Bretagne semble prête à accepter globalement les demandes initiales des Européens qui en retour vont s'engager à faire un geste politique dans la déclaration commune. "Ils signeront le document lundi", a affirmé un diplomate européen.

(Pierre Sérisier pour le service français)