LUXEMBOURG, 3 octobre (Reuters) - Prélever davantage sur les réserves excédentaires des établissements bancaires déposées auprès de la Banque centrale européenne (BCE) pourrait se révéler contre-productif si les conséquences néfastes sur les banques surpassaient les effets positifs pour les emprunteurs, a déclaré lundi Yves Mersch, membre du directoire de la BCE.

Pour tenter de relancer le crédit dans la zone euro, la BCE applique depuis plus de deux ans un taux de dépôt négatif, ce qui revient à faire payer aux banques les réserves excédentaires qu'elles déposent auprès de ses guichets

Yves Mersch a défendu le bien-fondé de cette politique tout en reconnaissant que les taux ne pouvaient pas baisser indéfiniment.

"Il y a une limite basse au niveau où peuvent aller les taux d'intérêt, le point auquel les coûts des taux bas subis par le secteur bancaire surpassent les avantages", a-t-il dit.

"Baisser davantage les taux d'intérêt comporterait des risques croissants, car les réactions de telles baisses pourraient ne pas être toujours linéaires", a-t-il ajouté.

La politique ultra-accommodante de la BCE est critiquée en particulier en Allemagne, dont les établissements, tels Deutsche Bank, souffrent de ces taux ultra-bas.

Yves Mersch a souligné que la BCE avait conscience de ces difficultés mais il a ajouté qu'une banque incapable de surmonter un environnement hostile pendant quelques années ne méritait pas forcément de poursuivre son activité.

"Il faut aussi se demander si une banque qui ne peut pas affronter des vents contraires pendant quelques années dispose toujours d'un modèle d'entreprise suffisamment robuste pour rester sur le marché", a-t-il dit. (Michele Sinner, avec Francesco Canepa à Francfort; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)