par Jean-Baptiste Vey

Lors d'un entretien avec Reuters mardi, le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale a ainsi demandé que la maîtrise des dépenses promise par le gouvernement se double d'un travail sur les recettes.

L'examen des "niches fiscales" doit se poursuivre, a-t-il dit, pour freiner l'érosion des recettes, voire les augmenter.

A environ 40% en 2009 et 2010, le taux de prélèvements obligatoires est au plus bas depuis des dizaines d'années, alors que le déficit public atteint son plus haut niveau depuis au moins cinquante ans sous l'effet de la crise économique.

"Que l'on puisse parler de la situation de nos finances publiques, je m'en réjouis parce que la situation le mérite", a estimé Didier Migaud.

"En débattre, s'interroger sur les règles existantes, sur notre capacité d'ailleurs très souvent à les contourner, ça peut être un exercice utile", a-t-il ajouté, souhaitant qu'on ne se focalise pas sur les collectivités locales quand "il y a un sujet plus lourd au niveau de l'Etat et de la Sécurité sociale".

"Après, sur la capacité réelle de notre pays à respecter ses engagements d'un retour en dessous des 3% de déficit à l'horizon 2012 ou 2013, j'avoue ne pas avoir encore compris les scenarios", a dit le député de l'Isère.

OBJECTIF PAS RÉALISTE ?

Le gouvernement se dit confiant dans sa capacité à ramener le déficit public de la France de 8,2% du produit intérieur brut cette année à 3% en 2013 si la croissance le permet, ce qu'il s'est engagé à faire devant ses partenaires européens.

Le ministre du Budget, Eric Woerth, a précisé que cet objectif serait atteint grâce à une baisse de 50 milliards des dépenses et une hausse mécanique de 50 milliards des recettes sous l'effet de la croissance, sans relever les impôts.

Un redressement aussi rapide "paraît difficile", a estimé Didier Migaud, surtout sans toucher aux recettes publiques.

"Que l'on compte seulement sur la croissance et sur la maîtrise de la dépense pour redresser la situation de nos comptes, je crains que ce soit insuffisant", a-t-il déclaré.

"Je ne dis pas qu'il faut augmenter les impôts mais qu'il faut stopper les baisses, et peut-être dans le cadre de la dépense dite fiscale, remettre à plat un certain nombre de dispositifs. Il y a un gros travail", a-t-il ajouté.

Quant à réaliser 50 milliards d'euros d'économies en quelques années, "ça me paraît un objectif ambitieux et peut-être pas complètement réaliste", a dit Didier Migaud.

"Tout dépend de comment on le fait mais il ne faut pas non plus que cela remette en cause des politiques publiques qui peuvent être utiles. La magie est dans l'équilibre", a-t-il poursuivi.

Prié de dire s'il fallait nécessairement jouer sur les trois leviers - dépenses, croissance et nouvelles recettes - il a répondu: "Je pense, oui."

"Je suis soucieux de ne pas augmenter globalement le niveau des prélèvements obligatoires mais à l'intérieur, peut être qu'on peut avoir des mouvements avec deux fils conducteurs: l'efficacité économique et sociale et la justice".

Edité par Sophie Louet