Ministry of Social Affairs Health of French R : Discours de Pascale Boistard - Rencontres internationales de la Silver (...)

Seul le prononcé fait foi

Mesdames et Messieurs, en vos qualités respectives,

C'est un plaisir d'être parmi vous, ce midi, pour cette troisième édition des Rencontres internationales de la Silver Economie et la seconde remise des Prix Business France.

Un plaisir, car des rendez-vous comme le vôtre permettent de mettre en lumière et en perspective les potentialités de nos entreprises, starts up, associations, investies au service de nos aînés. Et de donner à ces mêmes entreprises les clés du développement à l'international. En partant, bien évidemment des réussites locales, de celles qui répondent à un véritable besoin.

Hier encore, on pensait que la vie s'arrêtait avec la retraite. Que « les vieux » étaient un ensemble de personnes homogènes n'ayant plus d'attentes.

Le Gouvernement auquel j'appartiens a décidé de proposer un autre regard. Et d'emmener avec lui les différents acteurs, privés, publics, associatifs… Autour d'une vision partagée : celle d'une réponse ambitieuse et humaine face à ce défi démographique.

Ce changement de paradigme, ce n'est pas une lubie, ni un slogan ou un calcul politique. C'est la volonté de prendre ses responsabilités, face à une situation que connaissent la plupart des pays de monde, je veux parler du vieillissement des populations.

Cette révolution démographique nous oblige à réfléchir et à inventer de nouvelles réponses, de nouveaux modes de vie, de gouvernance, de soins et d'attentions. C'est une question centrale.

La loi d'adaptation de la société au vieillissement, adoptée en décembre 2015, est le fruit d'une vision et d'un engagement au service de nos concitoyens. Co-construite avec l'ensemble des partenaires, elle fixe les orientations, apporte des solutions nouvelles et des financements pérennes, pour permettre aux différents acteurs de s'en saisir, de la manière la plus efficiente possible.

Nous sommes engagés, chacune et chacun dans nos domaines respectifs, dans une aventure passionnante. Cette aventure, c'est justement celle de l'adaptation de la société au vieillissement.
Un véritable défi, que nous relevons. Avec la profonde conviction que nous avons les moyens de faire bouger les lignes. De faire de l'avancée en âge une chance. Et non plus une fatalité.

La silver économie est une des réponses au vieillissement de nos ainés. Le Gouvernement en a pleinement conscience. Dès 2012, les premiers travaux concernant la filière ont débuté. Et, en juillet 2013, le comité de filière a été installé, sous l'égide du ministère du redressement productif et de celui chargé des personnes âgées. Ce comité, regroupant de grandes fédérations professionnelles, des pôles de compétitivité, des financeurs, des représentants institutionnels territoriaux et nationaux, a pris le temps de la réflexion et de l'échange, dans le but de poser un cadre propice à l'émergence de solutions industrielles innovantes au service de l'autonomie des personnes âgées.

Le contrat de filière a ainsi été signé en décembre 2013. Il a retenu six axes forts, qui constituent la feuille de route des années passées et à venir, dans le but de :
Créer les conditions d'émergence d'un grand marché de la Silver économie,
Favoriser le développement d'une offre compétitive,
Exporter les produits et services de la Silver économie,
Professionnaliser ses acteurs,
Créer des innovations dans ce domaine,
Communiquer positivement sur le bien vieillir auprès de la société dans son ensemble.

Ce contrat continue de vivre. J'en veux pour preuve l'investissement ces derniers mois des membres du comité de filière pour formuler des propositions complémentaires. Leurs travaux donneront d'ailleurs lieu à des annonces dans les prochaines semaines.

Business France fait partie des cosignataires du contrat de filière depuis 2013. Je l'en félicite. Mais je me félicite aussi, en tant que Secrétaire d'Etat en charge des personnes âgées et de l'Autonomie, de pouvoir vous compter parmi nos partenaires. Votre rôle auprès des entreprises, de toutes tailles, est essentiel. La dynamique que j'observe sur notre territoire doit pouvoir bénéficier de la cage de résonance que vous offrez à nos industriels, au service de leur développement international. Les innovations qui nous ont été présentées ce jour présentent, à n'en pas douter, un grand potentiel de développement.

Vous le savez mieux que quiconque : nos sociétés sont en pleine mutation. Et ces mutations sont tout à la fois démographiques, sociales et technologiques.

Aujourd'hui, on compte à travers le monde près de 900 millions de personnes âgées. Dans les décennies à venir, ce chiffre devrait croître dans des proportions significatives. Rien qu'en France, les séniors seront près de 20 millions à l'horizon 2030. C'est-à-dire demain. Tous les champs de la vie sont concernés. Les possibilités de développement économique sont donc nombreuses.

Le vieillissement est une chance. Pour l'économie, la compétitivité et la création d'emplois non délocalisables. C'est pourquoi l'un des défis que vous devez relever est de penser et d'agir, à la fois au niveau local et au niveau global.

Nos savoir-faire seront appréciés, au-delà de nos frontières, si nous partons des besoins, si nous anticipons les nouvelles demandes. Et si nous inventons, de manière ambitieuse, des réponses adaptées au plus près des différentes réalités.

N'en doutez pas, c'est comme cela que nous gagnerons à l'international. En prouvant, par « le faire », que nous répondons efficacement à ce défi de la transition démographique.

Les perspectives qui s'offrent à nous, qui s'offrent à vous, sont immenses.

Ma conviction est que la constitution de cette industrie ne pourra se faire efficacement que si les acteurs en présence partagent une même ambition, celle de mettre la personne au centre du système, de s'intéresser à ses besoins, à ses envies, à ses moyens, de lui proposer des solutions globales, respectueuses de sa citoyenneté.

Cela implique un développement de la filière au plus proche des usagers et des territoires, cohérent avec les écosystèmes d'acteurs et les compétences des pouvoirs publics sur ces territoires.

Il s'agit pour cela de mettre la personne et ses besoins au centre.
En cela, l'énonciation de ce qui pourrait être vu comme un lieu commun n'est en rien superflu. Il est indispensable de rappeler que tous les seniors n'ont pas le même âge, pas les mêmes besoins, les mêmes envies ou les mêmes moyens financiers.

Il s'agit d'élargir le champ des possibles.
L'adaptation de la société au vieillissement concerne tous les domaines. L'urbanisme, la mobilité, l'entretien des capacités cognitives ou de la forme physique, la facilitation d'exercice des métiers des secteurs social, médico-social et sanitaires.
Les industriels ont tout intérêt à être attentifs à l'ensemble de ces domaines.

Il s'agit de soutenir l'approche du design universel.
Développer des solutions adaptées à tous et à toutes les fragilités, c'est développer des solutions pour nos âgés sans les ramener à leur perte d'autonomie. L'approche du design universel permet à la fois d'éviter de stigmatiser une population, et de consolider un modèle économique en s'adressant au plus grand nombre.

Il s'agit d'adopter une logique d'offre de services, en réponse à des besoins individuels.
Les produits et services de la filière Silver économie souffrent actuellement d'une faible lisibilité tant pour les acteurs publics des politiques de l'âge que pour les intéressés eux même, qui peuvent peiner à accéder aux dispositifs pertinents.
L'organisation de cette filière doit se faire au cœur des territoires, et amener chacun à s'interroger sur son approche de l'autonomie, sur l'organisation mise en place pour répondre aux besoins des usagers.

Il s'agit de reconnaitre la place des écosystèmes locaux.
[Vous le mentionniez Monsieur Broussy], les régions sont effectivement l'échelon pertinent d'installation de filières locales, portées par les conseils régionaux, les agences régionales de développement ou tout autre acteur qui y serait étroitement lié. Elles ont vocation à développer un écosystème favorable au développement des entreprises de leur territoire.

J'ai d'ailleurs installé dernièrement en Corse le « Silver économie pôle Corsica ». Et je ne m'arrêterai pas là, soyez en certains.

La région est le territoire d'élaboration et de structuration de l'offre.

Les départements sont quant à eux le territoire de la demande, où se structure la politique de prévention et d'accompagnement de la perte d'autonomie, en lien étroit avec les politiques conduites par les conseils départementaux et les conférences de financeurs de la perte d'autonomie.
La rencontre de l'offre et de la demande dépend pour partie de la rencontre de ces écosystèmes, animés à des échelons territoriaux différents.

Il revient aux chefs de file de ces écosystèmes d'en assurer la bonne réalisation.

Je suis convaincue que nous disposons aujourd'hui d'une grande partie des outils nécessaires au développement de cette filière pleine d'avenir.

Je le dis à nouveau, c'est une formidable opportunité. Nous avons les moyens d'être, tous ensemble, les acteurs d'une réussite collective et partagée. Une réussite forte de sens.

Mon rôle, en tant que Secrétaire d'Etat chargée de conduire l'adaptation de la société au vieillissement, est de faire avancer les réflexions et les actions. Notre société est active et dynamique, elle est riche de potentiels et d'innovations au service de toutes et de tous.

Vous le prouvez aujourd'hui encore.

Vous pouvez compter sur le gouvernement pour être à vos côtés, dans le développement de cette économie, en direction de nos aînés. Une économie non pas de la surconsommation, mais bien au service de l'humain et de l'évolution de ses besoins. Quel que soit son âge, son autonomie ou son lieu de résidence.

Je vous remercie