(Actualisé, deux morts à Louhansk, § 4)

par Thomas Grove et Mark Trevelyan

DONETSK, Ukraine/MOSCOU, 2 juin (Reuters) - La Russie a accusé lundi les autorités ukrainiennes de multiplier les exactions dans les régions de l'Est tenues par les séparatistes pro-russes, mais leur a accordé un répit dans le contentieux sur les tarifs gaziers.

Sur le terrain, des gardes frontières ukrainiens disent avoir été attaqués lundi matin par des miliciens pro-russes qui les ont pris pour cibles à l'arme automatique et au lance-roquettes près de Louhansk, non loin de la frontière russe.

"Nous avons huit ou neuf blessés. Les assaillants ont cinq morts et huit blessés", a déclaré un porte-parole des gardes frontières, ajoutant que les combats se poursuivaient.

A Louhansk même, une explosion a fait deux morts et au moins dix blessés lors d'une attaque aérienne gouvernementale, selon les séparatistes. Kiev a démenti avoir mené un raid sur la ville.

Sur le front diplomatique, la Russie doit soumettre lundi au Conseil de sécurité de l'Onu un projet de résolution appelant à l'arrêt immédiat des violences et à la création de couloirs humanitaires dans l'Est, a annoncé le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Les capitales occidentales, a-t-il souligné lors d'une conférence de presse, avaient assuré que la situation s'améliorerait après l'élection présidentielle anticipée du 25 mai dernier, remportée dès le premier tour par l'homme d'affaires pro-européen Petro Porochenko.

"C'est exactement le contraire qui se déroule", a-t-il déploré. "Des gens meurent tous les jours. Des civils pacifiques souffrent de plus en plus, l'armée, l'aviation militaire et des armes lourdes continuent d'être employées contre eux", a-t-il poursuivi.

Moscou réclame en vain depuis plusieurs semaines l'arrêt de l'offensive lancée par les forces ukrainiennes pour reprendre les régions de Donetsk et de Louhansk tenues par les séparatistes.

POROCHENKO ET POUTINE EN NORMANDIE VENDREDI

Petro Porochenko et le président russe Vladimir Poutine sont tous deux attendus vendredi en Normandie pour les célébrations du 70e anniversaire du Débarquement, mais aucune rencontre n'est formellement prévue.

Moscou nie la légitimité du gouvernement formé après la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovitch, fin février, mais a promis de reconnaître l'issue de la présidentielle du 25 mai, dont le vainqueur sera investi samedi.

L'une de ses premières priorités sera de régler le contentieux sur les tarifs du gaz que Kiev achète à la Russie.

Gazprom a repoussé de six jours, lundi, la date-butoir fixée à l'Ukraine pour le paiement de sa facture de gaz du mois de mai, après le remboursement d'une partie des arriérés, ce qui devrait permettre la poursuite de négociations.

"Le paiement pour mai n'est pas dû avant le 9 juin", dit Alexeï Miller, directeur général du groupe russe, dans un communiqué. Moscou menaçait jusqu'ici d'interrompre dès mardi ses livraisons de gaz à l'Ukraine en l'absence de versement.

L'Ukraine veut un changement des conditions fixées de 2009 qui l'oblige à acheter un volume déterminé de gaz à 485 dollars pour 1.000 mètres cubes, le prix le plus élevé acquitté par un client européen.

En décembre dernier, en pleine contestation du président pro-russe Viktor Ianoukovitch, la Russie avait ramené ce prix à 268,50 dollars pour le soutenir, mais elle est revenue au tarif de 485 dollars après son éviction. Kiev réclame aujourd'hui le retour au tarif de décembre. (Avec Vladimir Soldatkin, Steve Gutterman et Katya Golubkova à Moscou; Richard Balmforth à Kiev; Jean-Philippe Lefief pour le service français)