Intervenant sur TF1, il a indiqué qu'il avait discuté avec l'intéressé de l'abandon de son salaire de président non exécutif de Veolia, dont le cumul avec ses émoluments de P-DG d'EDF avait créé la polémique.

"On en a parlé et j'ai pensé que c'était raisonnable", a dit le chef de l'Etat.

Henri Proglio "nous a demandé et j'ai accepté que, pour quelques mois, il puisse faire une transition", à la tête de Veolia", a-t-il ajouté, en soulignant que les syndicats du groupe de services aux collectivités étaient aussi intervenus en ce sens.

"Quand la transition sera achevée il se dévouera à 100% à ses fonctions à EDF", a-t-il déclaré.

Les critiques s'étaient dans un premier temps concentrées sur la rémunération de 450.000 euros annuels d'Henri Proglio chez Veolia, qu'il entendait cumuler à un salaire chez EDF en hausse de 45%, à 1,6 million d'euros annuels, par rapport à celui de son prédécesseur Pierre Gadonneix.

L'annonce jeudi par Henri Proglio de l'abandon de ses émoluments de Veolia n'a pas calmé une polémique qui s'est alors portée sur le cumul de fonctions à la tête de deux des plus grandes entreprises françaises.

"LE SALAIRE MIROBOLANT DES FOOTBALLEURS"

Soucieux de désamorcer l'affaire, deux ministres de poids, Christine Lagarde (Economie) et Eric Woerth (Budget) sont intervenus publiquement dimanche pour estimer que cette double casquette ne pourrait se prolonger éternellement.

Nicolas Sarkozy a opposé le "grand sens de responsabilité" des syndicats de Veolia, qui "pensent à l'emploi et à l'avenir de leur groupe", à l'attitude de formations politiques, à commencer par le porte-parole du Parti socialiste Benoît Hamon, "qui ne pensent qu'à une seule chose (...) la polémique, pour nuire à une entreprise, pour nuire aux salariés de l'entreprise et, accessoirement, pour nuire au président de la République".

Quant au salaire d'Henri Proglio, il a souligné qu'il était inférieur à ce qu'il gagnait auparavant chez Veolia et qu'il ne se situait qu'au 23e rang des entreprises du Cac 40 alors qu'EDF se situe au deuxième rang des capitalisations boursières.

"Qu'est-ce que vous voulez que je fasse, que je nomme quelqu'un qui n'a pas les qualités de M. Proglio simplement pour dire qu'il a un salaire moyen ?".

Plus généralement, le chef de l'Etat a défendu les revenus élevés des grands patrons à condition qu'ils assument la responsabilité de leurs erreurs mais s'est dit choqué en comparaison par "le salaire mirobolant de certains footballeurs ou de certains sportifs".

"Je veux que ceux qui gagnent plus aient plus de responsabilités, travaillent mieux, se donnent plus de mal, surtout quand ça va mal, que ce ne soit pas le petit d'en bas qui trinque, que ce soit le grand du haut qui a fait des erreurs qui trinque", a-t-il dit.

Il s'en est pris à deux anciens grands patrons, celui de la Société générale Daniel Bouton, coupable de ne pas avoir démissionné après l'affaire Kerviel début 2008, et Louis Schweitzer, à qui il a reproché d'avoir conduit une politique active de délocalisations lors de son passage à la tête de Renault.

"La stratégie de Renault ces dix dernières années, je ne l'accepte pas", a-t-il déclaré.

Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse