"Quel regard portez-vous sur l'évolution des marchés financiers ?
Comme beaucoup d'investisseurs sur les marchés, nous avons été surpris par la force et la durée du rallye des actifs risqués et notamment des actions même si nous avions conscience du niveau élevé de prime de risque fin 2011.

Quelle est votre allocation du moment ?
Nous avons été neutres sur les classes actions et obligations d'entreprises jusqu'en janvier (après avoir été souspondérés jusqu'en novembre sur les actions). Nous avons progressivement augmenté notre pondération depuis. Nous avons commencé à être surexposés sur les actions au début du mois de février.

Comment expliquez cette surexposition ?

Nos choix d'allocation se basent sur un modèle quantitatif et un vote plus qualitatif des membres de notre comité d'investissement.
Nos indicateurs se sont mis à afficher un renversement de tendance fin janvier-début février. Un appétit pour le risque s'est clairement dessiné. La tendance ne semblait pas s'inscrire sur le court terme. C'est ce qui nous a confortés dans l'idée que nous pouvions nous permettre d'augmenter notre pondération sur les actions.

Comment voyez-vous évoluer cette allocation ?

A court terme la gestion se veut tactique. Le rallye montre quelques signes d'essoufflement. Même si le trend à long reste fort, les éléments de soutien ayant tendance à perdurer, nous ne sommes pas à l'abri d'une petite consolidation dans les semaines à venir.

Notre vision plus fondamentale est davantage prudente. La situation des économies européennes en termes de solvabilité n'a pas beaucoup évolué. Des risques importants demeurent, ce qui nous pousse à être modérés dans notre exposition.

Selon vous, nous sommes un peu au milieu du guet...

Le rallye que l'on a observé est avant tout un rallye de liquidité. Il y a une forte corrélation entre les différentes classes d'actifs : les actions, les obligations d'entreprises, le pétrole, l'or. Cela traduit le fait que l'on a comme sous jacent au changement de comportement des investisseurs les politiques d'assouplissement monétaire menée par les grandes banques centrales, Banque centrale européenne et Réserve fédérale américaine en tete.

Les actions ont donc monté principalement au détriment du cash. Une première partie de l'allocation a été faite. Cependant le gros reste à venir.

La poursuite d'un rallye action devrait s'appuyer sur un mouvement plus important des obligations souveraines vers les actions, dans un contexte de politique monétaire durablement accommodante.

Vous attendez-vous dans le courant de l'année à ce jeu de vase communiquant ?

Pas pour le moment. Nous sommes quelque peu rassurés sur la capacité des Etats-Unis à avoir une croissance auto entretenue. Cependant des réserves persistent liées à l'impact des mesures fiscales qui devraient être adoptées après les élections pour réduire la dette du pays, et à l'évolution de la conjoncture mondiale. Sur ce dernier point, on remarque que la croissance de la zone euro, si elle s'avère plus résistante que ce qui avait été anticipée, n'est pas sortie d'affaire. Les politiques d'austérité qui sont menées un peu partout dans la région devraient conduire à des déceptions à l'avenir. Seule une amélioration plus durable des fondamentaux et l'assurance que le risque systémique européen est mieux contenu favorisera la poursuite de la réallocation vers les actions.

Quelle est votre exposition au marché actions dans un portefeuille équilibré ?
De 54%.
Nous sommes ensuite surpondérés légèrement sur la dette émergente, et sur les obligations convertibles.

Avez-vous une dominante géographique ou sectorielle dans votre investissement actions ?

Nous avons renforcé notre positionnement sur les actions des marchés émergents pris de manière globale (notre benchmark est l'indice MSCI emerging market). Il y a une volonté d'assouplissement monétaire des banques centrales émergentes avec une inflation qui parait davantage sous contrôle que l'année dernière.

Au-delà, nous avons surtout pris des paris plus tactiques sur l'Europe, avec l'indice MSCI EMU, sur fond d'un rattrapage technique. Nous n'avons pas de conviction pour le moment sur une allocation pays plus spécifique.

Vous ne faites pas du tout de stock picking ?
Non. Nous n'avons que des fonds de fonds (le stock picking est réalisé dans les fonds sous-jacents). Nous utilisons des futures et options pour une gestion plus dynamique.

Vous indiquez que vous conserverez votre allocation actuelle jusqu'à ce que l'on ait des signes de retournement. Quels pourraient être ces signes ?
Le fait de casser certains niveaux de prix que nous avons identifiés comme supports, ou encore des éléments de chocs.

Quels pourraient être ces éléments de chocs ?

Un choc pétrolier. Une plus forte dégradation de l'économie. Une mauvaise évolution du traitement du dossier grec qui pourrait conduire à la concrétisation d'un risque extrême par effet de contagion.

Le déclenchement des CDS pourrait-il constituer un choc extérieur selon vous, l'ISDA ayant mis sa réponse négative en réserve?
Je ne pense pas. Il y a par ailleurs, et surtout la prise de conscience que les banques centrales, BCE en tête seront toujours en back up pour éviter toute défaillance du système.
Un scénario de quantitative easing en dur de la BCE n'est pas exclu.

Votre horizon d'investissement s'est beaucoup réduit ?
La rotation du portefeuille se fait chaque fois qu'un évènement nous amène à le faire. Concrètement nous avons notre comité toutes les semaines. Néanmoins, il n'est pas impossible que l'on soit contraint de procéder à une modification en cours de semaine.
Dans le principe, nous nous efforçons d'avoir un horizon d'investissement de trois à six mois.

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