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(Easybourse.com) Le rebond du prix des matières premières s'explique en partie par le phénomène de restockage des entreprises.  L'impact de ce phénomène est destiné à être temporaire. Selon les économistes, nous devrions nous attendre à une croissance relativement affaiblie du fait de la crise financière que nous venons de traverser. Cela ne vous inquiète-t-il pas eu égard aux  effets que cela aurait sur le niveau de la demande réelle ?
Cela fait relativement longtemps que la demande de matières premières  n'est plus dépendante des économies développées. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ces matières premières n'avaient pas beaucoup évolué depuis 1975.
Nous sommes effectivement dans une ère nouvelle mais dans le sens positif du terme.
Ce n'est que si les pays comme la Chine ou l'Inde n'affichaient pas au final la croissance escomptée, que cela pourrait avoir des effets néfastes sur le niveau des prix des matières premières.

Vous avez évoqué le gaz comme matière première qui ne devrait pas voir ses prix beaucoup fluctuer dans les deux années à venir. De manière parallèle, quelles autres matières premières n'ont pas vocation à beaucoup évoluer ?
L'aluminium. Le métal a pas mal repris depuis ses points bas de l'année dernière, mais les fondamentaux sont beaucoup moins solides.
C'est un métal qui pourrait bénéficier de la remontée d'autres métaux comme le cuivre mais ce n'est pas un métal dont j'attends beaucoup, car il n'y a pas de réelle problématique au niveau de l'offre. C'est donc un métal  sur lequel je serais particulièrement prudent.

Quelle  est le métal qui présente à l'inverse le plus important potentiel de hausse ?
Peut être le zinc, que l'on utilise  notamment pour galvaniser l'acier, utilisé dans la construction et l'automobile.  Il n'y a pas de sociétés pures s'agissant de ce métal, mais des sociétés qui produisent du zinc  d'autres matières premières. Les principaux producteurs sont Teck Cominco, Xstrate et Zinifex.

Au demeurant, nous avons davantage des convictions sur les sociétés. Il n'y a pas véritablement besoin que le métal progresse énormément plus pour que la valorisation  des sociétés  s'améliore.
Par ailleurs, si certaines matières premières progressent trop rapidement, cela pourrait avoir des contrecoups pervers du fait de l'intégration de l'inflation dans les coûts.

Quels sont les principaux risques qui existent s'agissant de l'or et du pétrole ?
Le plus important risque pour l'or résiderait dans un mouvement significatif de hausse des taux  d'intérêts des banques centrales sans reprise de l'inflation. Si cette hypothèse est peu probable, elle reste  possible.

Pour le pétrole, le risque pourrait être lié au fait que le phénomène de restockage ne soit pas si marqué, ce qui aurait pour conséquence une faible reprise du trafic routier,  et empêcherait une baisse des stocks de produits pétroliers.
Un autre risque serait que les pays de l'OPEP aient un comportement irrationnel et se mettent à ouvrir les vannes de manière massive alors que le redémarrage économique est encore fragile.

Quelles perspectives d'évolution envisagez-vous pour le prix du baril ?
Nous rentrons dans une fourchette 80-90 dollars par baril. Au-delà d'une légère amélioration de la demande par rapport à l'année dernière, nous allons vers une phase de résorption des stocks. C'est pourquoi nous favorisons les sociétés d'exploration de production ou exposées au pétrole.

Vous avez un taux de rotation de vos portefeuilles d'environ 130%. Quelle est la dernière valeur que vous avez introduite et la dernière valeur que vous avez sortie de votre portefeuille ?
La dernière valeur à entrer est une valeur cotée en Australie ,  Sphere Minerals ,  qui a un projet de minerai de fer en Mauritanie. C'est une société qui ne produit pas encore et qui doit encore  financer la construction de la mine. Mais l'entreprise est intéressante, notamment parce qu'elle pourrait le cas échéant être une cible intéressante pour un plus gros acteur.
 Nous sommes exposés à hauteur de 0,5% de nos encours et pourrions aller jusqu'à un maximum de 1%. 

Nous avons récemment sorti le producteur de minerai de fer brésilien, Vale, en raison d'un critère de valorisation. Nous avons eu une très bonne performance et un flux  de nouvelles très positif  au niveau des contrats, qui est maintenant intégré dans les résultats. Il y a un risque à court terme que les prix spot de fer reculent ce qui aurait tendance à pénaliser les producteurs.

Propos recueillis par Imen Hazgui 

- 29 Avril 2010 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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