(Actualisé, réactions du Qatar et du Koweït, § 17-19)

par Stephen Kalin et Sarah Dadouch

JERUSALEM/RYAD, 9 mai (Reuters) - Israël, l'Arabie saoudite et plusieurs pays du Golfe ont salué la décision du président Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré mardi soir, juste après le discours du chef de la Maison blanche, que le pacte signé en juillet 2015 dans la capitale autrichienne était la bonne "recette pour une catastrophe".

"Israël pense que le président Trump a pris une initiative historique et c'est pourquoi nous le remercions pour son courage, sa détermination à faire face au régime terroriste de Téhéran et à s'assurer que jamais l'Iran n'aura l'arme nucléaire, ni aujourd'hui, ni dans dix ans, jamais !", a lancé Netanyahu dans une allocution télévisée de deux minutes, prononcée en hébreu et en anglais.

Le pacte de 2015, a-t-il ajouté, était la bonne "recette pour une catastrophe, une catastrophe pour notre région et une catastrophe pour la paix dans le monde".

Peu après le discours de Trump, Israël a mené une attaque aérienne contre une base militaire au sud de Damas, faisant 15 morts dont huit Iraniens, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'Arabie saoudite, ennemie jurée de l'Iran chiite dans la région, s'est également réjouie de la décision de Trump.

"L'Iran a utilisé les bénéfices économiques tirés de la levée des sanctions pour poursuivre ses activités en vue de déstabiliser la région, notamment en se dotant de missiles balistiques et en soutenant des groupes terroristes", a affirmé dans un communiqué le ministère saoudien des Affaires étrangères.

"L'ACCORD EST MORT"

Ryad a souligné "la nécessité de s'occuper du danger que représente la politique iranienne pour la paix et la sécurité dans le monde (...), non seulement à cause de son programme nucléaire mais aussi en raison de toutes ses activités hostiles" dans la région.

"Paris et Londres n'aiment peut-être pas cette décision (américaine) mais que diraient les Français et les Britanniques si leurs capitales étaient directement menacées par les Iraniens ?", écrit Faisal Abbas dans le quotidien Arab News, près d'un titre proclamant: "L'accord est mort".

Mercredi matin, un missile a été intercepté dans le ciel de Ryad, où quatre explosions avaient auparavant été signalées.

Al Massirah TV, la chaîne des rebelles yéménites houthis, a annoncé que la milice chiite pro-iranienne avait tiré plusieurs missiles en direction de la capitale saoudienne. Selon la presse saoudienne, un autre missile a été intercepté dans la région méridionale de Djizane.

Les Houthis, qui tiennent le nord du Yémen, multiplient les tirs de missiles en Arabie saoudite en représailles aux raids aériens de la coalition formée à l'initiative de Ryad pour enrayer leur progression et rétablir le gouvernement yéménite internationalement reconnu.

Les Emirats arabes unis (EAU) et Bahreïn ont également salué le retrait américain de l'accord et le rétablissement de sanctions contre Téhéran.

Anouar Gargach, ministre des Affaires étrangères des Emirats, a souligné sur Twitter que l'Iran s'était servi de l'accord de Vienne pour développer son programme de missiles balistiques.

RISQUE D'ESCALADE

Le sultanat d'Oman, qui avait aidé à faciliter des contacts secrets entre Américains et Iraniens avant l'accord de 2015, a été plus mesuré.

"Nous pensons que les Etats-Unis et la République islamique d'Iran ont intérêt à voir s'établir la paix et la stabilité dans la région. Le choix de la confrontation ne sert les intérêts de personne", a dit le ministère omanais des Affaires étrangères.

Le Qatar a mis en garde contre une course aux armements nucléaires dans la région. "C'est de l'intérêt de toutes les parties de faire preuve de retenue, de sagesse et de patience, et de tenter de surmonter les divergences par le dialogue", a dit le ministère qatari des Affaires étrangères.

L'Arabie saoudite, les Emirats, Bahreïn et l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar en juin dernier au motif, selon eux, que ce pays soutenait le terrorisme et observait une politique trop proche de l'Iran.

Le Koweït a dit "comprendre et respecter" le choix de Donald Trump.

"Les gouvernements d'Oman, du Qatar et du Koweït cherchent à maintenir des rapports pragmatiques avec l'Iran, plus économiques que politiques", fait remarquer Kristian Coates Ulrichsen, un expert du Baker Institute de la Rice University à Houston (Texas).

Pour Joost Hiltermann, de l'International Crisis Group, "il y a un vrai risque d'escalade, surtout entre l'Iran et Israël".

"Si les pays du Golfe veulent évidemment que les Etats-Unis et Israël réfrènent les ambitions des Iraniens, je ne pense pas qu'ils souhaitent être eux-mêmes entraînés dans une confrontation directe dont les conséquences pourraient être terribles", ajoute-t-il.

(Avec Marwa Rashad et Mohammed Ghobari; Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)