(Précisions, réactions)

par Fredrik Dahl et Mehrdad Balali

VIENNE/TEHERAN, 9 février (Reuters) - L'Iran a esquissé dimanche un début de réponse aux interrogations des enquêteurs de l'AIEA sur un hypothétique volet militaire de son programme nucléaire, après des années de statu quo.

L'Agence internationale de l'énergie atomique a annoncé que les Iraniens avaient accepté, après deux jours de "discussions techniques constructives" à Téhéran, de prendre "sept mesures pratiques" de transparence d'ici le 15 mai.

Ces mesures "initiales" doivent être soumises aux instances dirigeantes de l'AIEA par son directeur général, le Japonais Yukiya Amano.

Pour la première fois, l'Iran a accepté de fournir "des informations et des explications" sur les détonateurs dits "EBW" (Exploding Bridge Wire) mis au point par Téhéran et dont il existe peu d'applications civiles, ce qui alimente les soupçons des Occidentaux.

"C'est un premier pas potentiellement important" pour l'enquête de l'AIEA, a reconnu un diplomate occidental, tout en soulignant que bien d'autres mesures étaient nécessaires pour rassurer l'agence onusienne.

Parmi les autres mesures, les inspecteurs de l'AIEA pourront visiter la mine d'uranium de Saghand et l'usine d'enrichissement d'Ardakan. L'Iran donnera aussi des informations sur un de leurs réacteurs de recherche qui selon les Occidentaux serait susceptible de produire du matériel nucléaire militaire.

A Téhéran, Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, a déclaré à l'agence de presse Irna que les Iraniens avaient fourni des renseignements "dans un esprit de coopération" et s'attendaient à une réaction positive de l'AIEA.

RÉUNION AVEC LE P5+1 LE 18 FÉVRIER À VIENNE

"Les inspecteurs de l'AIEA ne sont pas censés rencontrer les scientifiques (nucléaires) iraniens (...) Pour nous il n'est surtout question que d'un accès réglementé" aux sites, a-t-il toutefois ajouté.

L'enquête de l'AIEA sur le programme nucléaire iranien et ses éventuels prolongements militaires est dans l'impasse depuis des années.

L'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire, était représenté aux pourparlers de Téhéran par Reza Najafi, son ambassadeur auprès de l'AIEA, et la délégation de l'agence internationale était dirigée par son directeur général adjoint, Tero Varjoranta.

Les grandes puissances (le groupe P5+1, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu plus l'Allemange) et l'Iran se retrouveront le 18 février à Vienne, au siège de l'AIEA, pour une nouvelle session de négociations.

L'Iran a suspendu ses activités nucléaires les plus sensibles dans le cadre de l'accord provisoire conclu le 24 novembre dernier avec le P5+1.

Cet accord intérimaire est entré en vigueur le 20 janvier, ouvrant la voie à une levée partielle des sanctions internationales frappant la République islamique.

La mise en oeuvre de cet accord a ouvert une période de six mois durant laquelle l'Iran et le P5+1 vont à nouveau discuter pour tenter de parvenir à un règlement définitif du contentieux sur le programme nucléaire iranien. (Guy Kerivel pour le service français)