Hier, les indices boursiers européens ont connu un gros coup de spleen. A tel point qu'en fin de matinée, Laurent, le gars qui me fait face au bureau et qui est une sorte de gourou des produits dérivés, a lancé "on va finir par terminer la séance à -2%". On n'est pas descendus à la cave, mais la glissade a continué et plusieurs indices ont terminé au plus bas de la journée. Le CAC, le SMI et le Bel20 ont perdu 0,9%. Les autres places ont affiché des pertes plus modestes grâce à leurs spécialités locales : le FTSE 100 britannique du fait de son gros contingent de matières premières et pétrolières, l'AEX néerlandais grâce sa star ASML et le DAX via une poussée de confiance suspecte sur Volkswagen, qui n'a pas réussi grand-chose dans l'électrique mais qui a confirmé, post-clôture, des rumeurs de VE à 20 000 EUR dans les années à venir.

Aux Etats-Unis, la séance aurait pu déraper elle aussi, mais c'était compter sans Nvidia. Le titre est hors de contrôle tant il est incontournable. Il a gagné 7% hier, portant sa capitalisation à 2 800 milliards de dollars. Il se rapproche à une centaine de milliards de dollars du poids boursier d'Apple. Ça a l'air énorme comme ça, mais Nvidia a accru sa propre capitalisation de 190 Mds$ sur la seule séance d'hier. Pour donner un autre ordre de grandeur, la somme des capitalisations de toutes les sociétés du CAC40 français était de 2 681 milliards d'euros hier soir en clôture selon mes pointages, soit 2 914 milliards de dollars environ (la capitalisation d'Apple en somme). Si Nvidia croque la pomme dans les jours à venir, elle pèsera donc aussi probablement plus lourd que toutes les vedettes boursières françaises réunies.

Grâce à cette contribution exceptionnelle, qui a inspiré quelques autres dossiers du secteur des semiconducteurs, le Nasdaq 100 a gagné 0,3% pour toucher un nouveau record et le S&P500 a pu surnager (+0,02%). Le Dow Jones, qui ne compte pas la star des puces pour l'intelligence artificielle dans ses rangs, a baissé pavillon (-0,55%). La pression vendeuse est venue d'un membre de la banque centrale américaine, Neel Kashkari. Le patron de Fed de Minneapolis ne fait pas partie des votants pour les prochaines décisions de politique monétaire, mais son avis compte puisqu'il est classé parmi les faucons modérés. Ce qui ne l'a pas empêché de jouer les faucons plus extrêmes hier, lorsqu'il a déclaré que la Fed n'exclut pas de nouvelles hausses de taux si nécessaire. Ses paroles ont pesé lourd dans la remontée de dix points du rendement de la dette américaine à dix ans, et dans la petite baisse de moral des investisseurs.

Les marchés ont toujours du mal à évoluer dans un univers où les anticipations inflationnistes ne sont pas bien ancrées. Entre la crise financière de 2008 et la crise Covid, les banques centrales, en déployant leurs stratégies de transparence vis-à-vis de la trajectoire des taux (forward guidance), avaient créé un nid douillet un peu artificiel. Dans le contexte actuel, elles ne peuvent plus se payer le luxe de donner de la visibilité aux investisseurs, puisqu'elles n'ont pas vraiment, elles-mêmes, une bonne perception de l'évolution macroéconomique. Le marché se fabrique donc de nouveaux ancrages. Les promesses de l'intelligence artificielle par exemple, à travers son messie, Nvidia.

Parmi les secteurs qui ont fait de la résistance hier, on trouve aussi le compartiment pétrolier. Logique, puisque les cours de l'or noir se sont à nouveau tendus, au diapason de la situation au Proche-Orient. Le baril de Brent a retrouvé la zone des 84 USD. L'OPEP+ devrait de surcroît annoncer dimanche une poursuite de la limitation de son offre. C'est moins excitant que l'IA, mais ça fonctionne toujours.

En Asie Pacifique, le rouge est mis, si l'on fait exception de la Chine continentale qui est souvent mue par une dynamique obscure. Le Japon limite ses pertes à 0,5%, mais les replis dépassent 1% en Corée du Sud, à Hong Kong et en Australie. L'Inde tient un peu mieux en abandonnant 0,6%, ce qui n'empêche pas le SENSEX d'enchaîner une quatrième séance dans le rouge. Les indicateurs avancés européens sont légèrement baissiers.

Le CAC40 perd 0,2% à 8040 points à l'ouverture. Le SMI recule de 0,3% à 11 823 points. Le Bel20 cède 0,6% à 3924 points.

Les temps forts économiques du jour

La journée débutera avec la confiance des consommateurs en France (8h45), suivie de la masse monétaire M3 de la zone euro (10h00). Plus tard, l'Allemagne publiera la première estimation de son inflation de mai à 14h00. Aux Etats-Unis, l'indice manufacturier de la Fed de Richmond complètera la panoplie (16h00). Tout l'agenda ici.

L'euro progresse à 1,0848 USD. L'once d'or se stabilise à 2356 USD. Le pétrole poursuit sa remontée, avec un Brent de Mer du Nord à 84,04 USD le baril et un brut léger américain WTI à 79,95 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte à 4,56%. Le bitcoin se négocie 68 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Ageas : Goldman Sachs initie la couverture avec une recommandation neutre et un objectif de cours de 52,50 EUR.
  • Aramis Group : Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 5 EUR à 5,10 EUR.
  • Atos SE : HSBC maintient sa recommandation de réduction avec un objectif de cours réduit de 4 à 0,15 EUR.
  • BNP Paribas : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 73 à 90 EUR.
  • Cadeler : Nordea Bank démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 87 NOK.
  • Crédit Agricole : HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 13 à 16 EUR.
  • Elia Group : Bernstein démarre le suivi avec une recommandation de performance de marché et un objectif de cours de 120 EUR.
  • Eurogroup Laminations : Mediobanca démarre le suivi à neutre avec un objectif de cours de 5 EUR.
  • Fugro : ING Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 28 à 30 EUR.
  • KBC Groupe : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 82 à 91 EUR.
  • Merck KGaA : Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 180 à 200 EUR.
  • Novartis : Stifel maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 100 à 103 CHF.
  • Renault : Goldman Sachs passe de neutre à acheter avec un objectif de cours relevé de 51 EUR à 70 EUR.
  • Roche Holding : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 280 à 275 CHF.
  • Schibsted Asa : Carnegie Group démarre le suivi à acheter avec un objectif de cours relevé de 354 NOK à 474 NOK.
  • Société Générale : HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 23 à 28 EUR.
  • Soitec : Barclays maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 125 à 120 EUR. HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 194 à 184 EUR.
  • Swiss Re : HSBC améliore sa recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 127 CHF à 135 CHF.
  • Syensqo : Citigroup reste à neutre avec un objectif de cours relevé de 91 à 94 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • La reprise de La Poste Mobile par Bouygues Telecom prend du retard à cause de divergences entre SFR et La Poste.
  • Michelin fixe des objectifs de rentabilité plus élevés en 2026 en renonçant à certains projets de diversification.
  • Pernod Ricard et EcoSPIRITS s'associent pour la distribution mondiale de spiritueux.
  • Alstom va fournir 6 trains en plus à TransLink à Vancouver.
  • Veolia, Waga Energy et Engie s’allient dans le biométhane.
  • La ville de Lyon veut une évaluation indépendante de la pollution des sites Arkema et Daikin.
  • BioMérieux obtient l'agrément de la FDA pour le test Vidas TBI.
  • LDC prend le contrôle de Martinet.
  • Casino finalise la vente de sa participation dans GreenYellow.
  • Ekinops acquiert 120 914 de ses propres actions à 4,04 EUR pièce auprès d’un actionnaire historique.
  • Nanobiotix publie de nouvelles données et son programme d’immunothérapie de phase I lors de la réunion annuelle 2024 de l’ASCO.
  • Safran et Exail signent un partenariat pour un nouvel équipement embarqué de communication.
  • Biosynex obtient ses premiers marquages CE sous la nouvelle réglementation IVDR.
  • Electricité et Eaux de Madagascar prépare son transfert sur le marché Euronext Growth Paris.
  • Les principales publications du jour : Entech, Cellectis, Precia, Bains de Mer Monaco...

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)                                                                                                                                                                                

D'Europe

Des Amériques

D'Asie Pacifique et d'ailleurs

  • BYD a dévoilé un nouvel hybride capable de rouler sans arrêt pendant environ 2000 km.
  • Lenovo émet 2 Mds$ d'OC au profit du fonds souverain saoudien.
  • La société mère de la compagnie aérienne brésilienne Gol a entamé des discussions avec sa rivale Azul pour "explorer les opportunités", ont déclaré les deux compagnies aériennes.
  • Les syndicats de Samsung Electronics pourraient faire la grève pour la première fois de l'histoire en Corée du Sud.
  • Les principales publications du jour : CIMB Group Holdings, Cummins India, The Link Real Estate Investment Trust, IHH Healthcare

Le reste de l'agenda mondial des publications ici.

Lectures