"Quel commentaire vous inspire le bilan de la gestion collective française en 2011 ?
Ce qui parait flagrant pour l’année 2011 c’est l’ampleur de la décollecte notamment en comparaison à l’effet performance. Sur les 118 milliards de pertes d’encours cette année, nous avons 82 milliards d’euros de décollecte et 30 milliards d’euros de performance négative. Nous avons eu l’année dernière la plus importante décollecte jamais enregistrée. Les rachats se sont poursuivis malgré des performances qui sont redevenues positives au dernier trimestre.

Si l’on met ces chiffres en perspective par rapport à 2008, nous avions eu près de 107 milliards d’euros de performance négative. La décollecte avait été de 37 milliards.

La France se distingue par rapport à la gestion collective des autres grands pays européens qui s’inscrivent en concurrence directe ?
En Europe, l’année 2011 a été marquée par d’importants rachats, notamment au 2nd semestre, sur les OPCVM de long terme. Face à cette décollecte, les marchés de fonds de droit luxembourgeois, irlandais et britannique, ont affiché une certaine résistance.

Doit-on considérer que nous avons une désaffection des investisseurs français pour les OPCVM ?
L’attrait des investisseurs français pour la gestion collective demeure. De nombreuses petites sociétés de gestion entrepreneuriales sont d’ailleurs parvenues à collecter cette année.
Certes les ménages français se sont davantage orientés vers l’immobilier, les comptes rémunérés des banques.
Certains investisseurs institutionnels ont pu se tourner vers l’offre de sociétés de gestion étrangères.

Comment l’expliquez-vous ?
Par une agressivité commerciale de ces sociétés de gestion étrangères
Ces dernières prennent petit à petit des parts de marché auprès des investisseurs institutionnels au détriment des gérants français.

Les fonds qui ont le mieux résisté à l’hémorragie sont les fonds à capital garanti, les fonds obligations haut rendement et les fonds actions nord européennes...
Les fonds à capital garanti affichent une résistance habituelle. En 2010, ces fonds avaient collecté 6 milliards d’euros, de même qu’en 2009. En 2011, la collecte est moindre du fait qu’il y a eu moins de produits qui ont été lancés. La création de ces fonds est relativement couteuse.
Ceci étant, pour une cinquantaine de fonds lancés, la collecte s’élève à 4 milliards.
Les fonds obligations haut rendement restent un petit compartiment au sein de la gestion collective.
Les fonds actions nord européennes renvoient surtout au fonds investis sur les actions scandinaves qui ont économiquement et financièrement mieux résisté par rapport au reste de l’Europe.

A quelle suite des évènements vous attendez-vous pour l’année 2012 ?
Il est encore trop tôt pour envisager des perspectives. Cependant, un certain nombre d’éléments qui sont en train d’être mis en place devraient favoriser la gestion collective française, par exemple l’entrée en vigueur de la directive UCITS IV.
"