[Actualisation: nouvelles déclarations de Le Maire]

PEKIN (AFP)--Bruno Le Maire a indiqué mardi à Pékin qu'il refusait "beaucoup" de projets d'investissement chinois en France, se disant opposé aux "investissements de pillage" et à l'idée de devenir "les vassaux" de l'Empire du milieu.

Interrogé en marge de la visite du président français, Emmanuel Macron, en Chine pour savoir si son ministère examinait à la loupe les projets des entreprises chinoises en France, le ministre de l'Economie a répondu: "Oui, et j'en refuse beaucoup", avant d'opérer un distinguo: "On accepte des investissements sur le long terme et pas des investissements de pillage".

Selon lui, les investisseurs chinois "ne connaissent que le rapport de force".

Parvenir à un accord équilibré avec la Chine, "c'est avoir accès au marché, ne pas se faire piller nos technologies et pouvoir fixer des limites quand ils viennent en France", a fait valoir le ministre, qui avait beaucoup insisté sur la notion de "réciprocité" lors d'une première visite à Pékin en fin d'année dernière.

M. Le Maire a indiqué devant des journalistes avoir déjà utilisé le décret Montebourg bloquant des investissements étrangers dans des secteurs stratégiques. "Mais je compte le renforcer car il est très limité. Je ferai des précisions là-dessus le 15 janvier", a-t-il annoncé.

"Toute la difficulté est de savoir comment on accroît notre part de marché en Chine sans devenir des vassaux de la Chine" a-t-il remarqué.

Après la réception officielle d'Emmanuel Macron par son homologue chinois, Xi Jinping, Bruno Le Maire a répété que les investissements des "pilleurs" n'étaient "pas les bienvenus", indiquant qu'Emmanuel Macron avait sur ce point fait preuve de "transparence" avec Xi Jinping.

"Nous accueillons les investissements s'ils permettent le développement des entreprises françaises, s'ils s'inscrivent dans le long terme et, comme le président l'a clairement rappelé au président chinois, s'ils se traduisent aussi par une ouverture des marchés chinois à nos grandes entreprises et nos PME. Nous n'aimons pas les investisseurs qui viennent, qui prennent leurs bénéfices et qui repartent quelques semaines plus tard", a-t-il martelé.

"Il faut que chacun puisse s'y retrouver dans cette affaire, c'est bien l'objectif de la visite du président en Chine", a-t-il ajouté.

"Chacun peut comprendre, en Chine ou ailleurs, que l'Europe se dote des moyens de se protéger contre des investisseurs qui viendraient uniquement piller nos technologies", a plaidé le ministre.

Selon lui, Emmanuel Macron a expliqué aux dirigeants chinois: "Vous avez vos intérêts stratégiques, nous Français aussi. Regardons (les) ensemble et cela évitera des difficultés par la suite".

Le ministre de l'Economie a par ailleurs évoqué l'accord annoncé mardi matin avec Richard Liu, patron du groupe chinois de commerce électronique JD.com, qui a promis de vendre sur ses plateformes pour 2 milliards d'euros de produits français dans les deux ans.

"On accepte son investissement parce que dans la plateforme installée en France, qui créera 1.000 emplois, il y a un volume de production de PME françaises qui sera exporté vers la Chine", a expliqué Bruno Le Maire.

JD.com, numéro deux chinois du e-commerce après Alibaba, "mettra dans son catalogue des produits français qui seront exportés vers la Chine", a fait valoir le ministre.

"Il s'engage aussi sur la propriété intellectuelle, il l'a confirmé au président, comme l'a aussi fait Jack Ma. S'il commercialise un sac Vuitton, il s'engage à ce que la responsabilité (face aux contrefaçons) soit celle du vendeur et pas de l'industriel", a-t-il souligné.

Le patron d'Alibaba, Jack Ma, a également annoncé mardi un projet de centre logistique en France, disant être à la recherche d'un site et de partenaires.

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