PARIS, 31 mai (Reuters) - Baisse des taux de la BCE et élections européennes occuperont les investisseurs de ce côté de l'Atlantique, tandis qu'une salve d'indicateurs sur le marché de l'emploi aux Etats-Unis occupera leurs homologues américains.

La prochaine réunion de l'Opep sera également suivie de près.

Tour d'horizon des perspectives des marchés des jours à venir:

1/ ASSOUPLISSEMENT La prochaine réunion de la Banque centrale européenne (BCE), jeudi prochain, devrait marquer le début du cycle d'assouplissement de la banque centrale.

Celle-ci s'est pratiquement engagée à baisser ses taux au cours de cette réunion, malgré des indicateurs sur les salaires ayant surpris à la hausse au premier trimestre et qui font craindre que la dynamique de l'emploi ne demeure résistante cette année.

En assouplissant sa politique monétaire pour prendre en compte la dynamique future d'activité, "la BCE redeviendrait une banque centrale focalisée sur les conditions futures plutôt que sur l'inflation réelle, reflet de la confiance nouvellement acquise dans ses propres prévisions", écrivent les économistes d'ING.

Les analystes de Société Générale soulignent que la BCE s'est peut-être engagée trop tôt sur une baisse en juin, ajoutant que la banque centrale pourrait avoir besoin de faire une pause dans son assouplissement pour permettre à l'inflation de poursuivre son repli.

"L'activité et le sentiment se reprennent et seront stimulés par l'assouplissement de la politique monétaire, et la BCE devra faire preuve de prudence", résume Anatoli Annenko, économiste chez Société Générale.

Les projections économiques des équipes de la BCE seront par ailleurs mises à jour au cours de la réunion, et permettront d'estimer à partir de quand l'institution s'attend à voir l'inflation revenir à sa cible - en mars, la BCE pariait sur un retour à 2% d'ici mi-2025.

La baisse des taux devrait par ailleurs raviver les craintes d'une dépréciation de l'euro, à mesure que se creuserait l'écart de taux entre zone euro et États-Unis.

William de Vijlder, directeur de la recherche économique chez BNP Paribas, estime toutefois que le risque est limité, la désynchronisation monétaire étant "largement anticipée par les marchés financiers".

Quant à l'impact d'une baisse de l'euro, la BCE elle-même calcule qu'une dépréciation de 1% conduirait avec un décalage à une hausse limitée de l'inflation de 0,04%.

2 / ÉLECTIONS

Les élections législatives européennes se tiendront du 6 au 9 juin, un évènement qui pourrait générer de la volatilité sur les marchés, les investisseurs s'inquiétant de la progression des partis d'extrême droite au détriment de la coalition (sociaux-démocrates, libéraux et conservateurs) au pouvoir.

"Ursula von der Leyen devrait être renouvelée, vraisemblablement avec une majorité plus étroite et un Parlement moins favorable aux thématiques environnementales", estime Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo BHF, un point de vue partagé par les analystes de Citi.

Ces derniers rappellent toutefois que les élections européennes n'ont pas eu historiquement d'impact important sur les performances européennes, les indices locaux n'observant ni baisse ni rallye notable durant les périodes de vote.

Les investisseurs seront ensuite libres de se focaliser sur le principal évènement politique de l'année, l'élection présidentielle américaine, alors que la campagne électorale s'intensifie aux États-Unis.

3/ EMBAUCHES

Les marchés suivront avec attention les prochains indicateurs attendus aux États-Unis et qui éclaireront sur le marché du travail, qui ralentit mais dont le dynamisme demeure incompatible avec un objectif d'inflation à 2%.

Le taux de chômage demeure ainsi inférieur à 4% en avril, tandis que les 175.000 nouveaux postes créés le mois dernier reflètent la force de la demande en main d'œuvre.

Mardi sera publiée l'enquête JOLT sur les ouvertures de poste, mercredi l'enquête ADP sur les créations d'emploi par le privé et vendredi le rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail.

La Réserve fédérale a rappelé disposer d'un double mandat, sur l'inflation et le chômage. Pour autant, l'institution n'aura pas à se préoccuper de la situation de l'emploi avant "quelques mois", avait expliqué Raphael Bostic, l'un des membres du comité de politique monétaire, lorsque les dynamiques à l'œuvre sur l'emploi se rapprocheront d'une situation plus normale.

"Certains indicateurs avancés laissent présager d'un net affaiblissement de la croissance de la masse salariale au cours des prochains mois, voire d'une chute pure et simple", constate David Page, responsable de la recherche macro chez AXA IM.

Les marchés pourraient commencer à se pencher davantage sur les implications pour la croissance du ralentissement du marché du travail, l'accent étant jusqu'ici mis sur les risques d'une boucle prix-salaires.

"Historiquement, en période de récession, les volumes d'effectifs passent d'une croissance solide à une contraction pure et simple en l'espace de quelques mois. Ce n'est pas ce que nous prévoyons aujourd'hui, mais les marchés pourraient avoir du mal à distinguer la trajectoire de l'économie", ajoute David Page.

4/ ÉQUILIBRISME

La réunion de l'OPEP et de ses alliés le 2 juin devrait dicter la tendance sur les marchés pétroliers les prochains jours, alors que les prix ont été volatils en 2024, entre géopolitique et interrogations sur la trajectoire des politiques monétaires.

L'organisation devrait prolonger ses baisses de production expirant en juin sur le reste de l'année, mais se trouve dans une position inconfortable alors que des incertitudes demeurent sur l'état de la demande mondiale avant le pic de consommation de l'été.

"Les marchés seront plus réactifs aux signes de friction au sein du groupe", constatent les analystes de S&P Global, qui soulignent qu'il ne "faut plus compter sur la robuste demande d'après la pandémie".

"Le baril évolue dans une bande contenue, le risque géopolitique demeurant suffisant pour le maintenir au-dessus des 80 dollars, tandis que les fondamentaux sont trop faibles pour lui faire dépasser les 90 dollars", concluent les analystes. (Rédigé par Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)