(Répétition d'une dépêche publiée vendredi avec actualisation sur Jackson Hole et cours)

* Janet Yellen et Mario Draghi n'ont pas commenté leur politique monétaire à Jackson Hole

* Un été plutôt favorable sur les actions, hormis en Europe

* L'euro en hausse de plus de 7% depuis la fin juin

* Des indicateurs clés - inflation et emploi US - au programme cette semaine

par Blandine Henault

PARIS, 28 août (Reuters) - L'état de santé de l'économie et le niveau d'inflation, aux Etats-Unis comme en Europe, seront les principaux points d'intérêt des investisseurs cette semaine, après la réunion des banquiers centraux à Jackson Hole qui n'a pas apporté les réponses espérées sur l'évolution des politiques monétaires.

Ni la présidente de la Réserve fédérale (Fed), Janet Yellen, ni son homologue de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, ne se sont risqués vendredi à des commentaires sur le rythme et le calendrier du resserrement monétaire en cours ou attendu de part et d'autre de l'Atlantique. et

Fébriles face aux évolutions attendues des politiques monétaires des grandes banques centrales, les investisseurs se montrent aussi nerveux face aux tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Corée du Nord et aux différentes controverses entourant la présidence de Donald Trump.

"Quand l'été est si avare de turbulences, on peut toujours compter sur Donald Trump pour provoquer quelques tempêtes médiatiques, dont certaines ne sont pas sans incidence sur l'environnement économique et financier", pointent les économistes d'Oddo BHF.

Si ces événements ont pesé sur le dollar, le bilan de l'été s'avère néanmoins globalement positif sur les marchés d'actions, avec une hausse de plus de 2% pour l'indice MSCI World depuis la fin juin.

Aux Etats-Unis, le S&P 500 a gagné 0,8% sur la période et le Dow Jones (+2,2%) a enchaîné une série de record qui lui a permis début août de clôturer pour la première fois de son histoire au-delà des 22.000 points.

"Les indices actions internationales ont atteint de nouveaux points hauts, alimentant les craintes de valorisations excessives", indique Isabelle Mateos y Lago, responsable de la stratégie gestion diversifiée chez BlackRock.

"Néanmoins, nous continuons de penser que les actions affichent des valorisations attractives par rapport aux obligations à moyen terme".

LE BOND DE L'EURO MET LA PRESSION SUR LA BCE

L'été s'est avéré en revanche plus mitigé sur les marchés d'actions européens. L'indice Stoxx 600 recule de 1,4% depuis la fin juin et le CAC 40 s'est replié de 0,3% sur la période. En cause notamment, la forte poussée de l'euro face au dollar.

La devise européenne a bondi depuis le discours fin juin de Mario Draghi à Sintra au Portugal, qui a alimenté les anticipations d'une prochaine annonce de la BCE sur la réduction de ses achats de titres et poussé les rendements obligataires à la hausse.

L'intervention, vendredi, du président de la BCE à Jackson Hole a encore favorisé la progression de l'euro, qui évolue en ce début de semaine non loin du seuil de 1,20 dollar, à un plus haut depuis deux ans et demi. Cela porte sa progression à plus de 7% depuis la fin juin.

Le renchérissement de l'euro n'est pas sans inquiéter les responsables de la banque centrale qui redoutent qu'un emballement de la devise unique ne vienne annuler les effets de leur politique accommodante pour relancer l'inflation.

Le niveau actuel de l'euro n'a pas de répercussions sur le climat des affaires ou sur le rythme d'activité mais il en aura sur le prix des biens importés, observent les économistes d'Oddo BHF.

"C'est un bon argument pour que Mario Draghi cherche à conserver des conditions monétaires très souples dans les prochains trimestres", soulignent-ils.

DES INDICATEURS CLÉS AU PROGRAMME

A défaut de signaux de la part des banquiers centraux, les opérateurs de marché obtiendront des indications précises sur l'état de forme de l'économie aux Etats-Unis et en Europe avec la publication cette semaine de plusieurs statistiques majeures.

En point d'orgue dans la zone euro, la première estimation de l'inflation pour le mois d'août sera annoncée jeudi, une semaine tout juste avant la réunion de politique monétaire de la BCE prévue le 7 septembre.

Les économistes interrogés par Reuters tablent sur une hausse des prix de 1,4% en rythme annuel, après une progression de 1,3% le mois dernier.

Aux Etats-Unis, les opérateurs de marché et les responsables de la Fed seront attentifs aux revenus et dépenses des ménages, notamment à l'indice des prix à la consommation hors énergie et produits alimentaires, dit "PCE core", qui est l'indicateur d'inflation privilégié par la Réserve fédérale.

L'indice de confiance du consommateur et surtout la publication, vendredi, du rapport mensuel sur l'emploi non agricole aux Etats-Unis pour le mois d'août seront également très attendus pour tenter de déterminer la politique monétaire à venir de la Fed.

En juillet, les créations d'emplois ont été supérieures aux attentes et le salaire horaire moyen, publié concomitamment, a augmenté de 0,3%, marquant une accélération par rapport aux derniers mois.

"La poursuite de la hausse des taux (trois hausses annoncées en 2018) va dépendre de l'inflation des salaires (très modeste malgré le plein emploi)", soulignent les économistes d'Oddo BHF.

La prochaine réunion de la Réserve fédérale est prévue les 19 et 20 septembre. (édité par Patrick Vignal)