STRASBOURG, 15 octobre (Reuters) - Contraintes par les échéances électorales et la montée des partis populistes, la France et l'Allemagne doivent relancer l'Union européenne "par le bas", en trouvant une réponse rapide aux inquiétudes des citoyens, ont affirmé samedi à Strasbourg les ministres des Finances des deux pays.

Michel Sapin et Wolfgang Schäuble, qui étaient invités par le Mouvement européen France à s'exprimer sur "le moteur franco-allemand", ont exclu toute initiative institutionnelle à court terme, telle qu'un renforcement de la gouvernance de la zone euro ou l'achèvement de l'Union bancaire.

"Notre plus grand problème est qu'un nombre de plus en plus grand de personnes dans la quasi-totalité des Etats membres ne sont plus tout à fait d'accord avec les réponses politiques européennes", a souligné Wolfgang Schäuble en évoquant son inquiétude devant la montée des partis d'extrême droite.

"L'Europe est en grand danger parce que l'esprit européen lui-même s'est affaibli. Nous ne pouvons pas (le) retrouver en passant par le haut, par l'approfondissement institutionnel", a de son côté estimé Michel Sapin, évoquant lui aussi la montée en puissance de partis "qui trouvent dans la dénonciation des valeurs de l'Europe leur propre fondement".

S'exprimant avant la conférence devant des journalistes, le ministre français des Finances a convenu qu'aucune grande initiative franco-allemande ne pourrait être lancée avant la présidentielle du printemps 2017 en France et les législatives de l'automne en Allemagne.

"Mais il ne faudrait pas que ce soit une année blanche dans l'action européenne", a-t-il dit durant la conférence.

"Nous ne pouvons retrouver l'esprit européen qu'en partant d'en bas, en répondant aux questions très précises et concrètes que nos peuples se posent", a-t-il ajouté, en citant la sécurité, l'investissement et la croissance, la maîtrise des frontières et l'accueil des réfugiés.

Ces réponses doivent être apportées "dans les mois qui viennent", a-t-il insisté, convenant que les sujets cités relevaient à l'heure actuelle plus de la coopération intergouvernementale que de l'action européenne.

"Il faut redonner de la dynamique dans les mois qui viennent. Mon idée, c'est que c'est par l'intergouvernemental d'aujourd'hui qu'on redonne de l'espoir aux européens en Europe et qu'on construit les transferts de compétence de demain", a précisé Michel Sapin. (Gilbert Reilhac, édité par Chine Labbé)